L’épouse du chef de l’État ne perçoit aucun salaire au titre de ses fonctions. Une situation encadrée depuis 2017 par une charte de transparence, qui distingue strictement moyens alloués par l’État et revenus personnels.
Une fonction officielle strictement encadrée
Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, le rôle de Brigitte Macron fait l’objet d’un encadrement institutionnel sans précédent. La charte de transparence publiée le 21 août 2017 précise que l’épouse du président de la République « n’est pas rémunérée et ne dispose ni d’un budget propre, ni d’un cabinet autonome ». Cette clarification répond à la volonté affichée du chef de l’État de mettre fin à ce qu’il qualifiait alors d’« hypocrisie française » quant au statut des conjoints présidentiels.
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Le respect de cette règle fait l’objet d’un suivi annuel par la Cour des comptes. Dans son rapport de juillet 2024, l’institution indique que les dépenses directement liées à l’activité de Brigitte Macron se sont élevées à 309 484 euros pour l’année 2023, contre 315 808 euros en 2022. Ce montant représente 0,25 % du budget de la présidence. Il couvre la rémunération de deux collaborateurs du cabinet présidentiel, mobilisés à hauteur de deux tiers de leur temps, d’une assistante à plein temps et d’une autre partagée avec le conseiller mémoire du président.
Des moyens logistiques alloués par l’État
Outre les ressources humaines mises à sa disposition, Brigitte Macron bénéficie de moyens matériels définis par la charte de 2017. Sa sécurité est assurée par le Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR), et elle a accès à deux véhicules de la flotte présidentielle. La gestion de sa correspondance officielle mobilise quatre agents spécialisés.
Parmi les dépenses les plus observées figure le forfait coiffure et maquillage. D’un montant de 5 200 euros mensuels, soit 62 400 euros annuels, ce budget est mutualisé entre Emmanuel et Brigitte Macron. Il ne concerne que les activités officielles. Selon Pierre-Olivier Costa, directeur de cabinet de la Première dame, cette dernière « se maquille elle-même » au quotidien et continue de fréquenter son salon de coiffure habituel dans le 8ᵉ arrondissement de Paris.
Cette organisation marque une rupture avec les pratiques antérieures. Sous François Hollande, les dépenses de coiffure s’élevaient à 9 895 euros par mois et impliquaient l’emploi permanent d’une coiffeuse et d’une maquilleuse par l’Élysée. Le système actuel, fondé sur des prestations externalisées, aurait permis de réduire de 70 % les coûts, selon la présidence.
Une activité officielle soutenue
En 2023, Brigitte Macron a effectué 27 déplacements dans le cadre de ses fonctions : 11 en compagnie du président, dont 5 à l’étranger, et 16 en solo. Elle remplit ainsi les quatre missions fixées par la charte de transparence : représentation internationale, réponse aux sollicitations citoyennes, supervision des réceptions officielles, et engagement caritatif.
La Première dame a reçu 12 540 courriers au cours de l’année, traités par les agents en charge de sa correspondance. Le coût de ce traitement, assuré par les services généraux de la présidence, n’entre pas dans son budget propre. Ces échanges témoignent de l’intérêt des citoyens pour son action et soulignent le rôle de représentation qui lui est assigné.
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Des revenus personnels indépendants de sa fonction
Loin des dépenses engagées pour ses fonctions officielles, Brigitte Macron dispose de revenus personnels distincts. Elle perçoit une pension de retraite d’enseignante, après avoir exercé durant plus de trente ans dans l’enseignement public et privé. Partie à la retraite en juin 2015, à 62 ans, elle avait alors choisi de se retirer pour accompagner son époux, nommé ministre de l’Économie.
Le principal autre revenu provient de son patrimoine immobilier. Elle est propriétaire de la Villa Monéjan, située au Touquet, héritée de ses parents Simone et Jean Trogneux. Le rez-de-chaussée de cette demeure abrite deux locaux commerciaux loués à une agence immobilière et à une boutique de prêt-à-porter. Ces revenus fonciers ont varié : 48 200 euros en 2016, 27 599 euros en 2021.
Une valorisation patrimoniale en mutation
La villa, entièrement rénovée en 2011 grâce à un emprunt de 350 000 euros, est aujourd’hui estimée entre 2,7 et 2,8 millions d’euros. Selon un agent immobilier local, cette valorisation s’explique à la fois par la qualité de la rénovation, son exposition plein sud au cœur du « Triangle d’or » du Touquet, et par la notoriété accrue du lieu liée à la présence du couple présidentiel.
Ce patrimoine pourrait cependant évoluer. Selon la presse locale, une promesse de vente aurait été signée pour 3,7 millions d’euros, incluant la maison et les deux commerces. Cette cession, si elle se confirme, priverait Brigitte Macron de ses revenus fonciers, tout en générant une plus-value significative sur cet héritage familial. Les raisons de la vente semblent tenir aux contraintes sécuritaires et à la perte d’intimité induite par la présence constante des forces de l’ordre et des curieux.
Contrairement à une idée souvent relayée, aucun budget public n’est alloué à la garde-robe de Brigitte Macron. Ses tenues officielles sont prêtées par des maisons de couture françaises comme Louis Vuitton, Balmain ou Chanel. Ces vêtements, strictement séparés de sa garde-robe privée, sont systématiquement restitués après usage.
Ce fonctionnement repose sur un accord-cadre et s’inscrit dans un choix assumé en faveur de la création française. Brigitte Macron porte dans 90 % des cas des tenues de marques françaises. La coordination de ces prêts est assurée par Mathieu Barthelat Colin, rémunéré directement par elle, sans aucun coût pour l’État.
Une transparence inédite sous la Ve République
L’ensemble des moyens alloués à la Première dame fait l’objet d’un suivi rigoureux. Chaque année, la Cour des comptes publie un rapport détaillé sur les dépenses de la présidence, incluant celles liées à l’épouse du président. Cette démarche vise à répondre à la circulation régulière de fausses informations, comme celle d’un prétendu salaire de 450 000 euros par an.
Les chiffres réels montrent une nette rationalisation. En 2023, les 309 484 euros de dépenses afférentes à Brigitte Macron restent bien en deçà des enveloppes attribuées à ses prédécesseures : 960 000 euros pour Bernadette Chirac, 481 900 euros pour Valérie Trierweiler en 2013, ou encore 437 376 euros pour Carla Bruni. Cette diminution s’inscrit dans une volonté présidentielle de clarification, rompant avec l’opacité qui caractérisait jusqu’alors le statut des conjoints de chef de l’État.