À peine digérée, la réforme des retraites de 2023 pourrait n’être qu’une étape intermédiaire. Dans son rapport annuel publié ce jeudi 12 juin, le Conseil d’orientation des retraites (COR) alerte sur la nécessité d’aller encore plus loin pour garantir la pérennité du système. Son constat : même avec un âge légal fixé à 64 ans, les déficits vont perdurer. Selon ses projections, il faudrait porter l’âge légal de départ à la retraite à 66,5 ans à l’horizon 2070 pour rétablir l’équilibre financier.
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Ce chiffre choc contraste fortement avec l’âge moyen de départ anticipé pour cette même période : 64,6 ans. Mais pour Gilbert Cette, président du COR, cette perspective n’a rien d’une provocation. Elle est présentée comme une conséquence logique du vieillissement démographique et des déséquilibres budgétaires structurels.
Une réforme de 2023 jugée insuffisante pour l’équilibre
Malgré la contestation qu’elle a suscitée, la réforme de 2023 ne permettrait pas de combler le déficit du système de retraite. Le rapport évoque un déséquilibre budgétaire progressif, atteignant 6,6 milliards d’euros dès 2030 et jusqu’à 1,4 point de PIB en 2070.
Si le rapport se veut « pédagogique » et n’émet officiellement aucune recommandation, il présente des scénarios qui parlent d’eux-mêmes. Pour équilibrer le système en agissant uniquement sur l’âge légal, il faudrait viser 64,3 ans en 2030, 65,9 ans en 2045, puis 66,5 ans en 2070. Une trajectoire qui hérisse déjà les syndicats. Certaines formulations, jugées trop provocatrices, auraient même été adoucies dans le rapport final.
Déficit structurel et limites des alternatives financières
Le COR examine d’autres pistes, mais aucune ne semble à la hauteur du défi. Réduire les pensions ? Cela reviendrait à faire chuter la pension moyenne relative de 4,5 points d’ici 2070, accentuant la précarité des retraités. Augmenter les cotisations ? Le Conseil alerte sur un impact négatif direct sur l’emploi et la compétitivité des entreprises.
En réalité, l’allongement de la durée de travail apparaît comme le levier le plus réaliste aux yeux du COR, malgré son coût social élevé, notamment pour les travailleurs exposés à la pénibilité ou ceux dont l’espérance de vie reste inférieure à la moyenne.
Un avenir incertain pour les générations futures
Pour les jeunes actifs d’aujourd’hui, l’horizon de la retraite se brouille. Le seuil des 66,5 ans, aujourd’hui hypothétique, pourrait devenir la norme s’il n’est pas accompagné d’un changement plus large dans le financement du système. Et le débat ne fait que commencer : jusqu’où faudra-t-il aller pour sauver les retraites ?
En jouant essentiellement sur le levier de l’âge, la question n’est plus seulement de savoir quand on pourra partir à la retraite, mais aussi dans quelles conditions on y parviendra.