Gaspillage d’eau : Opty-O, l’innovation française qui change la donne

Chaque douche gaspille jusqu’à 10 litres d’eau potable. Opty-O, innovation développée Simon Lillamand, veut y mettre fin avec une colonne 100 % autonome.

Chaque jour, entre 3 et 10 litres d’eau potable sont gaspillés sous la douche, simplement en attendant que l’eau chauffe. C’est à partir de ce constat que Simon Lillamand, entrepreneur basé dans le Vaucluse, a conçu Opty-O, une colonne de douche capable de récupérer cette eau froide, sans travaux ni modification des habitudes d’usage.

Fondateur de Qista, entreprise spécialisée dans les solutions anti-moustiques, Simon Lillamand poursuit son engagement en faveur d’une innovation technique au service de l’environnement. Avec Opty-O, il propose une alternative accessible aux systèmes complexes de recyclage d’eau, en misant sur une technologie simple, autonome et fabriquée en France.

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Vous avez déjà une expérience entrepreneuriale avec Qista. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer à nouveau avec Opty-O ?

Simon Lillamand : J’aime comparer l’entrepreneuriat au sport de haut niveau, et cette question s’y prête bien. Pourquoi un inventeur continue-t-il à innover ? Pourquoi un coureur s’inscrit-il à de nouveaux marathons ? Il y a au fond cette envie irrépressible de faire bouger les choses, de résoudre des problèmes concrets, et de repousser ses propres limites.

L’entrepreneuriat, c’est une discipline exigeante qui demande un engagement total. Il faut savoir encaisser les échecs, rebondir, rester fidèle à ses convictions malgré les obstacles. Pour moi, c’est bien plus qu’un métier : c’est une façon d’être, de contribuer, d’agir pour la société. Avec Opty-O, j’ai retrouvé cette énergie, cette excitation de faire naître une solution utile et pleine de sens.

Comment est née l’idée d’Opty-O et quelles étapes majeures avez-vous traversées depuis le concept jusqu’à la commercialisation ?

Tout est parti d’une situation très simple : un matin, en attendant que l’eau chaude arrive sous la douche, je me suis demandé combien d’eau on gaspillait chaque année de cette façon. En faisant le calcul pour ma famille de quatre personnes, j’ai été frappé : cela représentait l’équivalent d’une petite piscine. Une vraie douche froide, si je puis dire.

J’ai ensuite élargi la réflexion à l’échelle nationale. Ce gaspillage m’a semblé totalement absurde. En tant qu’ingénieur, mon réflexe a été de penser à une solution technique : comment récupérer cette eau froide, sans changer les habitudes des utilisateurs ? L’idée d’une colonne de douche capable de recycler cette eau est née ainsi : autonome en énergie, au design soigné, facile à installer, sans travaux lourds.

J’ai commencé par fabriquer les premiers prototypes sur ma terrasse, pour tester le concept. Ensuite sont venues les étapes de design industriel, de développement électronique, de choix des matériaux… Le défi a aussi été de rester fidèle à mes valeurs : une fabrication en France, un assemblage local, et une réduction maximale de l’empreinte carbone à chaque étape.

Aujourd’hui, le produit est prêt, il fonctionne. Nous entamons une phase cruciale : la rencontre avec le public. C’est maintenant que tout se joue. Est-ce que cette solution, à la fois utile et esthétique, saura convaincre ? C’est ce que nous allons découvrir.

Opty-O a été reconnue « Tech For Change » par VivaTech. Comment comptez-vous capitaliser sur votre présence au salon cette année ?

C’est un immense honneur pour nous d’avoir été sélectionnés dans la catégorie Tech For Change par VivaTech. Cela confirme qu’une innovation simple et concrète peut avoir un véritable impact environnemental.

Ce salon est une opportunité exceptionnelle pour faire connaître Opty-O à trois publics clés : les investisseurs, les acheteurs des grandes enseignes, et bien sûr, le grand public. Nous voulons profiter de cette vitrine internationale pour mettre en lumière notre campagne de préventes, qui court jusqu’au 15 juin. L’objectif est clair : mobiliser une communauté de premiers utilisateurs engagés, qui croient en notre projet et souhaitent le soutenir dès maintenant.

Mais au-delà des ventes, nous espérons nouer des partenariats durables avec des acteurs stratégiques. Qui sait ? Peut-être que le directeur des achats de Leroy Merlin viendra nous rendre visite sur le stand de la région Sud et qu’une belle aventure commerciale commencera là. VivaTech est un lieu d’audace, de connexions, d’élan. Nous comptons bien en profiter pleinement.

Pouvez-vous nous en dire plus sur vos besoins et vos priorités de développement à court et moyen terme ?

À court terme, notre priorité absolue est la commercialisation. Nous concentrons toute notre énergie sur le succès de la campagne de préventes. L’idée est de fédérer une communauté de premiers acheteurs capables d’envoyer un signal fort aux acteurs du secteur : distributeurs, prescripteurs, industriels… Plus qu’un lancement produit, c’est un mouvement que nous souhaitons initier, autour d’une consommation plus responsable de l’eau.

À moyen terme, l’enjeu sera de monter en puissance. Cela passera par l’optimisation de notre chaîne de production, le renforcement de notre structure interne, et la recherche de partenaires stratégiques pour accélérer notre développement, d’abord en France, puis à l’international. Notre ambition : construire une entreprise solide, engagée, capable d’avoir un impact durable à grande échelle.

Le marché des solutions d’économie d’eau commence à se structurer. Comment vous situez-vous face à la concurrence, et sur quoi pariez-vous pour faire la différence ?

Effectivement, on assiste à une prise de conscience croissante chez les particuliers, et cette tendance va s’accentuer avec la hausse prévue du prix de l’eau dans les années à venir.

Chez Opty-O, notre pari est simple : c’est au produit de s’adapter à l’utilisateur, pas l’inverse. Notre colonne de douche a donc été conçue pour préserver le confort d’usage tout en intégrant un système intelligent de récupération de l’eau froide, celle que l’on laisse couler en attendant l’eau chaude, sans travaux complexes, ni perte de confort.

Nous misons aussi sur la pédagogie. Un voyant lumineux aide à visualiser la durée de la douche de manière ludique. C’est un petit geste au quotidien, mais avec de grands effets : pour une famille de quatre personnes, réduire d’une minute la douche quotidienne, c’est environ 200 € économisés par an. Ce triptyque écologie, économie, simplicité d’usage, c’est notre différence.

La colonne Opty-O est aujourd’hui en prévente. Quels retours avez-vous déjà reçus de vos premiers utilisateurs ou partenaires testeurs ?

Les retours sont très encourageants, et sincèrement, cela fait chaud au cœur. Lire les commentaires enthousiastes de nos premiers clients, c’est à la fois une récompense et un moteur. Cela confirme que notre solution est à la fois utile, accessible et engageante.

Les testeurs apprécient particulièrement la simplicité d’installation et d’usage, ce qui était un point clé pour nous : il fallait que le produit s’intègre naturellement dans le quotidien.

Mais ce qui nous a agréablement surpris, ce sont les retours sur l’aspect pédagogique. Le voyant lumineux devient un vrai jeu, notamment pour les enfants. Des parents nous racontent que leurs enfants essaient de sortir de la douche avant le passage au rouge. Il y a là une vraie prise de conscience, même chez les plus jeunes et c’est peut-être le signal le plus prometteur pour l’avenir.

Votre ambition est aussi d’éduquer les consommateurs à une utilisation plus responsable de l’eau. Envisagez-vous d’autres actions ou partenariats dans ce sens au-delà du produit lui-même ?

Oui, clairement. Notre mission dépasse le cadre d’un seul produit. Nous croyons profondément que l’innovation peut encourager des gestes plus responsables, sans renoncer au confort ni à la simplicité.

Dans cette logique, nous réfléchissons déjà à l’élargissement de notre gamme. Une version bain de la colonne Opty-O est à l’étude, ainsi qu’un dispositif adapté aux mitigeurs de cuisine, eux aussi sources importantes de gaspillage. L’idée reste la même : proposer des solutions concrètes, faciles à installer et à adopter.

Nous sommes aussi ouverts à des partenariats avec des collectivités, des bailleurs sociaux ou des établissements scolaires pour mener des actions de sensibilisation plus larges. Il reste beaucoup à faire pour rendre la sobriété désirable. Et nous comptons bien y contribuer, à notre manière


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