Airbags : plainte contre BMW, Mercedes, Toyota et Volkswagen

Le scandale des airbags Takata rebondit avec une plainte visant BMW, Volkswagen, Mercedes et Toyota. Une crise industrielle devenue affaire publique.

L’affaire des airbags défectueux de Takata prend une nouvelle dimension. Après avoir ciblé Stellantis en début d’année, l’UFC-Que Choisir ouvre un nouveau front judiciaire contre quatre poids lourds de l’automobile : BMW, le groupe Volkswagen (incluant Audi, Seat et Skoda), Mercedes-Benz et Toyota (avec Lexus et Subaru). Au cœur de la plainte : le silence prolongé et les retards répétés dans la gestion d’un défaut pourtant connu et potentiellement mortel.

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Dix ans de risque sous le tapis

Le dysfonctionnement des airbags Takata n’est pas une découverte récente. Depuis plus d’une décennie, des cas d’explosion incontrôlée de ces dispositifs ont été documentés, avec des conséquences parfois fatales. Pourtant, les mesures de prévention tardent à être appliquées en France. Dans de nombreux cas, les constructeurs n’ont engagé des rappels qu’après des pressions réglementaires, ou sous l’effet de l’exposition médiatique.

Certaines marques auraient même continué à installer ces équipements à risque jusqu’en 2017, voire jusqu’en 2020, alors que des campagnes de rappel étaient déjà engagées dans d’autres pays comme le Canada ou les États-Unis.

Des rappels minimaux, une communication édulcorée

Plutôt que de lancer des rappels massifs et immédiats, la majorité des groupes visés ont opté pour des actions partielles, parfois invisibles pour le grand public. En France, la stratégie dite du « stop-drive » – qui impose l’immobilisation immédiate du véhicule en cas de danger – n’a été imposée qu’à partir d’avril 2025 par un arrêté ministériel. Jusque-là, les rappels étaient le plus souvent ponctuels, limités à certains modèles ou années, sans campagne d’information accessible ni systématique.

L’association reproche aussi aux constructeurs d’avoir masqué la gravité du risque dans leurs communications : vocabulaire flou, atténuation des dangers, absence de recommandations claires aux conducteurs. Une manière de diluer la responsabilité, dénonce l’UFC-Que Choisir, qui parle de manquements répétés à l’information du consommateur.

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Un scandale structurel, pas un incident isolé

Le problème dépasse désormais le cadre d’un défaut industriel. Ce que met en lumière l’action de l’UFC-Que Choisir, c’est un modèle de gestion des risques reposant davantage sur le calcul juridique et économique que sur la prévention réelle.

« On ne parle pas ici de simple négligence », estime un observateur du secteur. « Le dossier Takata montre un schéma systémique : minimisation du danger, fragmentation des rappels, et surtout inertie tant chez les industriels que chez les autorités de régulation. »

L’association appelle désormais à la création d’une commission d’enquête parlementaire. Objectif : faire la lumière sur les responsabilités multiples – industrielles, administratives et politiques – qui ont permis à des millions de véhicules potentiellement dangereux de rester en circulation.


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