Autopartage : une assurance à 5 euros pour secouer le marché

La start-up Cartage lance une assurance temporaire à 5 € par jour pour sécuriser l’autopartage et accompagner la transition vers une mobilité plus durable.

En pleine transition vers des mobilités plus durables, l’autopartage gagne du terrain en France. Mais une faille freine encore son développement : l’absence d’assurance adaptée. Une jeune pousse, Cartage, propose une réponse inédite avec une assurance temporaire à cinq euros par jour. De quoi changer d’échelle pour ce marché encore balbutiant.

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L’autopartage décolle mais reste marginal

Longtemps cantonné à une pratique de niche, l’autopartage s’installe progressivement dans le paysage français de la mobilité. En 2023, 460 000 Français ont eu recours à ce service, soit une progression de 43 % en un an. Avec 13 500 véhicules partagés, la France se hisse au deuxième rang européen derrière l’Allemagne, devançant les Pays-Bas. Mais l’usage reste encore marginal : cela représente à peine deux véhicules pour 10 000 habitants.

Premier frein identifié : le manque de solutions d’assurance adaptées, notamment pour l’autopartage entre particuliers. Une zone grise juridique et assurantielle qui dissuade de nombreux usagers et propriétaires de véhicules de franchir le pas.

Cartage, l’assurance à cinq euros qui veut lever le blocage

C’est précisément ce verrou que veut faire sauter Cartage, une start-up fondée en 2022 par deux ingénieurs des Mines, Oscar Bourgeois et Raphaël Toledano. Hébergée à Station F, la jeune pousse propose une assurance temporaire, activable à la journée pour cinq euros. Une couverture complémentaire qui protège à la fois le propriétaire du véhicule et l’utilisateur, sans impacter le contrat principal ni le bonus-malus.

Souscrite en quelques clics via une application mobile, cette assurance inclut des services complémentaires comme l’état des lieux numérique, l’historique du véhicule ou l’ajustement des garanties. « Le manque d’assurance est un frein majeur. Nous proposons une solution simple, rapide et sécurisée », résume Oscar Bourgeois. L’objectif : faire de l’autopartage un réflexe quotidien, à l’instar du covoiturage.

Moins de voitures, plus de mobilité

Les bénéfices de l’autopartage dépassent la seule réduction des coûts pour les usagers. Selon l’ADEME, chaque voiture partagée permet de remplacer entre cinq et huit véhicules personnels, supprimant jusqu’à 19 000 kilomètres parcourus chaque année. Elle libère également de une à trois places de stationnement, un enjeu crucial dans les centres urbains saturés.

Au-delà de la décongestion, l’autopartage encourage une mobilité plus diversifiée. Les utilisateurs recourent davantage aux transports en commun (+18 %), au train (+29 %), au vélo (+22 %) et à la marche (+38 %). La motivation économique reste la première raison d’inscription à ces services, mais elle s’accompagne d’un changement plus large des comportements.

« L’objectif, c’est de passer de deux voitures par foyer à deux foyers pour une voiture », résume Oscar Bourgeois.

Une dynamique territoriale en marche

Cartage revendique aujourd’hui entre 3 000 et 4 000 souscriptions mensuelles, soutenue par une levée de fonds de 500 000 euros réalisée en mars 2024 auprès d’une dizaine de business angels. Cet apport financier lui permet d’enrichir son application et de nouer des partenariats territoriaux.

En Seine-Saint-Denis ou en Ardèche, la start-up travaille déjà avec les collectivités pour co-financer les assurances et déployer des services d’autopartage locaux. Quinze communes d’Île-de-France proposent depuis mars 2025 un service de location courte durée avec 17 véhicules, opérés par Getaround et accessibles via une application mobile.

D’autres territoires, comme Grenoble, sont en discussion. Cartage s’est également rapprochée d’Ynstant, une plateforme de covoiturage courte distance, afin de créer des passerelles entre différentes formes de mobilité partagée. Une dynamique qui s’inscrit dans l’émergence des abonnements multimodaux, regroupant train, bus, voiture, vélo et covoiturage sur une même offre.

Un soutien institutionnel et des mesures en discussion

Sélectionnée par le programme gouvernemental Propulse, porté par le ministère des Transports, Cartage bénéficie d’un accompagnement sur neuf mois pour structurer son développement. Une reconnaissance qui lui ouvre les portes des discussions réglementaires en cours.

L’Association des acteurs de l’autopartage plaide pour la création d’un « bonus autopartage » de 100 euros financé par les certificats d’économie d’énergie, l’élargissement de la prime à la conversion ou encore la réservation de 1 % des places de stationnement en voirie pour les véhicules partagés. Autant de leviers pour accélérer le mouvement, alors que la Loi d’Orientation des Mobilités (LOM) prévoit de renforcer le cadre juridique en 2025.

Demain, la co-possession et la tarification à l’usage

Cartage ne compte pas s’arrêter à l’assurance journalière. La start-up explore déjà de nouveaux modèles : covoiturage assuré, véhicules électriques partagés, et à plus long terme, la co-possession de véhicules. Un modèle déjà testé en Scandinavie, mais encore freiné en France par des obstacles juridiques.

La tendance est aussi à la facturation à l’usage, permise par les technologies embarquées (GPS, télématique). Les loueurs développent des abonnements mensuels donnant accès à une flotte variée, sans contrainte de propriété.


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