En doublant son chiffre d’affaires en 2024 et en séduisant une nouvelle génération d’épargnants, la start-up lyonnaise Mon Petit Placement s’impose comme un acteur original de la finance accessible. Mais la route vers la rentabilité est encore longue.
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Rendre l’investissement accessible aux petits épargnants
Quatre ans après sa création, Mon Petit Placement confirme la pertinence de son positionnement : rendre l’investissement financier accessible aux petits épargnants. En 2024, la fintech lyonnaise a doublé son chiffre d’affaires pour atteindre 2 millions d’euros. Ses encours sous gestion s’élèvent désormais à 200 millions d’euros, en hausse de 60 % sur un an, avec une collecte nette de 60 millions d’euros sur la seule année écoulée.
Derrière cette dynamique, une ambition claire : démocratiser les produits financiers longtemps réservés à une clientèle fortunée. « Les placements débutent à 2 000 euros en moyenne, mais 87 % de nos clients épargnent mensuellement », souligne Thomas Perret, fondateur de l’entreprise. En 2024, la société a accueilli 7 000 nouveaux clients, portant sa base d’utilisateurs à 25 000.
Une offre diversifiée face à un Livret A peu attractif
Initialement centrée sur l’assurance-vie, Mon Petit Placement a rapidement élargi son offre. Son plan d’épargne retraite (PER), développé en partenariat avec La France Mutualiste, séduit déjà plusieurs milliers de clients. En 2025, de nouveaux produits verront le jour, notamment un contrat indexé sur le cours de l’or, une solution d’investissement immobilier, ainsi qu’un dispositif permettant de soutenir des entreprises françaises.
Cette stratégie de diversification s’inscrit dans un contexte propice. Alors que le taux du Livret A est tombé à 2,4 % début 2025, les épargnants français – dont les encours sur le Livret A et le LDDS atteignent 603,1 milliards d’euros – cherchent de nouvelles solutions de placement plus rémunératrices.
Flouze, l’appli pédagogique pour apprendre à investir
Pour lever les freins à l’investissement et gagner la confiance d’un public souvent néophyte, Mon Petit Placement mise également sur la pédagogie. En témoigne le lancement de Flouze, une application gratuite d’éducation financière, téléchargée plus de 10 000 fois en une semaine. Cet outil vise à accompagner les utilisateurs dans la durée et à renforcer leur autonomie dans la gestion de leur épargne.
Malgré ses bons résultats commerciaux, la start-up n’est pas encore rentable. Elle vise l’équilibre financier en 2026. Fin 2023, elle a traversé une phase délicate, marquée par un plan de licenciements. Depuis, l’effectif s’est stabilisé autour de 42 collaborateurs, contre 35 en 2023.
« Atteindre la rentabilité nécessite maintenant de patienter », reconnaît Thomas Perret. « On fait très attention à nos coûts. » Pour y parvenir, l’entreprise investit dans l’automatisation de ses process via l’intelligence artificielle, notamment pour la vérification des justificatifs ou le développement d’un chatbot en partenariat avec Odonatech. Ce dernier sera testé auprès de 1 000 clients dans les prochaines semaines.
L’automatisation comme levier de performance
Ce virage technologique est stratégique : en intégrant des outils d’intelligence artificielle, Mon Petit Placement espère réduire ses coûts opérationnels tout en améliorant l’expérience utilisateur. Cette automatisation permet aussi de mieux accompagner la montée en charge de ses activités sans alourdir ses charges fixes.
En mai 2024, Mon Petit Placement a levé 4,2 millions d’euros via une campagne de financement participatif, orchestrée par la plateforme Sowefund. Prévue pour atteindre un million d’euros, l’opération a mobilisé 2 600 investisseurs, avec un ticket moyen de 1 545 euros. Près de 4 000 personnes restent sur liste d’attente.
L’objectif ? Renforcer l’engagement de la communauté en faisant des clients de véritables actionnaires. Cette réussite illustre une tendance de fond dans la fintech française, qui a levé 1,3 milliard d’euros en 2024 (+28 % par rapport à 2023), se positionnant comme le deuxième écosystème européen derrière le Royaume-Uni.
Fidélité au modèle initial malgré la pression du marché
Si la start-up affiche de nouvelles ambitions, elle entend rester fidèle à son public historique. « On résiste comme un petit village gaulois », affirme son fondateur. « Nous sommes fidèles aux origines, on ne veut pas faire évoluer notre modèle sous la pression des marchés ou de la rentabilité. »
Pour 2025, Mon Petit Placement vise 100 millions d’euros de collecte supplémentaire. L’entreprise mise sur des rendements attractifs pour convaincre, à l’image des 3,6 % servis par son contrat Portefeuille Plan B ou des 4 % proposés par son PER.