Placements durables : que vaut le nouveau Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) ?

Le PEAC, nouveau placement vert pour les jeunes, allie fiscalité avantageuse et épargne durable. Est-il vraiment intéressant ? Décryptage.

Destiné aux jeunes de moins de 21 ans, le Plan d’Épargne Avenir Climat (PEAC) entend orienter leur épargne vers le financement de la transition écologique. L’objectif est ambitieux : former une génération d’épargnants engagés tout en mobilisant des capitaux privés pour soutenir des projets durables. Le groupe BPCE est le premier à proposer cette nouvelle enveloppe, autorisée depuis juillet 2024. Quels sont ses atouts, ses contraintes, et sa place face aux produits déjà existants ?

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Un produit né de la loi Industrie verte

Issu de la loi Industrie verte adoptée en 2023, le PEAC a été conçu pour succéder au PER jeune, abandonné en raison de critiques sur ses avantages fiscaux indirects pour les parents. Avec le PEAC, l’enjeu est double : initier les plus jeunes à l’épargne de long terme et canaliser les flux financiers vers des projets favorables à l’environnement.

Le PEAC peut être ouvert par tout jeune de moins de 21 ans résidant en France, ou par ses parents dès la naissance. Le versement initial est fixé à 100 euros. L’épargne est bloquée pendant au moins cinq ans, et jusqu’aux 18 ans du titulaire. Des déblocages anticipés sont prévus en cas d’études supérieures, de création d’entreprise ou d’achat d’une résidence principale. À 30 ans, le plan est clôturé automatiquement et les fonds peuvent être transférés sur une assurance vie ou versés sur un compte bancaire. Le plafond de versement est de 22 950 euros, hors intérêts capitalisés.

Un fléchage vers l’investissement responsable

Le PEAC se distingue par son orientation exclusive vers l’investissement durable. L’épargne collectée est investie dans des supports labellisés ISR (Investissement Socialement Responsable), Greenfin ou Finansol. Ces fonds financent des projets dans les énergies renouvelables, l’agriculture durable, ou encore la gestion des déchets.

Ce choix d’allocation vise à garantir un impact environnemental positif, tout en répondant à une attente croissante des jeunes générations en matière de finance responsable. Les supports proposés sont strictement encadrés : seuls les fonds conformes aux labels « France Finance verte » ou « investissement socialement responsable » sont éligibles.

Le PEAC peut être géré de deux façons :

La gestion pilotée, dite « à horizon », propose une répartition évolutive du capital en fonction de l’âge et du profil de risque du titulaire. L’épargne est répartie entre le fonds en euros BPCE Vie et le support en unités de compte Ecofi Agir pour le Climat. À l’approche de la liquidation, les investissements sont progressivement sécurisés : la réglementation impose qu’au moins 70 % de l’épargne soit placée sur des actifs à faible risque deux ans avant l’échéance.

La gestion libre, quant à elle, donne accès à quatre fonds thématiques : Ecofi Agir pour le Climat, Mirova Global Green Bond Fund, Dorval European Climate Initiative et Mirova Europe Environmental Equity. Tous s’inscrivent dans une logique d’investissement durable rigoureuse, conforme aux standards européens.

Un régime fiscal attractif

Comme les livrets réglementés (Livret A, LDDS, LEP), le PEAC bénéficie d’une exonération d’impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux sur les revenus générés, à condition que les règles de fonctionnement soient respectées. Cette fiscalité avantageuse constitue un levier d’attractivité non négligeable, à l’heure où peu de placements allient horizon long terme et fiscalité allégée.

BPCE, premier sur le terrain

Le groupe BPCE, qui regroupe les Banques Populaires et les Caisses d’Épargne, est le premier acteur à lancer concrètement ce produit. Il s’appuie sur l’expertise conjointe de BPCE Assurances, pour l’ingénierie du contrat, et de Natixis Investment Managers, pour la sélection des fonds durables.

Corinne Cipière, directrice générale de BPCE Assurances, a présenté ce lancement comme un axe stratégique fort, dans l’ambition du groupe de devenir le quatrième assureur français. Le PEAC s’inscrit dans cette dynamique, à la croisée de la finance verte et de la stratégie de croissance du groupe.

Des avantages réels, mais des limites à considérer

Le PEAC n’est pas un placement liquide. Contrairement au Livret A ou au LDDS, il ne permet pas de retirer librement les fonds. Il présente également un risque de perte en capital, notamment en gestion libre ou en phase initiale de gestion pilotée. Le PEAC proposé par BPCE est noté 4 sur 7 sur l’échelle de risque de l’Autorité des marchés financiers. Des frais de gestion s’appliquent également sur les supports en unités de compte.

Certains professionnels du secteur ont d’ailleurs souligné les similitudes du PEAC avec d’autres solutions existantes, comme les contrats d’assurance vie en gestion ESG ou les livrets d’épargne verts. Le produit devra donc convaincre sur la durée, notamment en démontrant sa capacité à conjuguer performance, simplicité et impact environnemental.

Avec le PEAC, les pouvoirs publics et les établissements financiers testent une nouvelle voie : celle d’une épargne à mission, ciblée sur les plus jeunes. Si son impact réel reste à mesurer, ce placement s’inscrit dans une tendance de fond : donner du sens à l’épargne, dès le plus jeune âge.


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