Meta et ses plateformes WhatsApp et Instagram, ainsi que Telegram, concentrent désormais la majorité des arnaques en ligne signalées dans le monde, selon le dernier rapport Revolut sur la sécurité des consommateurs. Publiée fin mars 2025, l’étude révèle une inquiétante hausse des fraudes numériques, plaçant particulièrement WhatsApp au cœur des préoccupations des autorités internationales.
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Une majorité des arnaques numériques passe par les messageries
D’après Revolut, la société Meta concentre à elle seule 54 % des escroqueries en ligne recensées en 2024. Cette proportion a nettement augmenté par rapport aux années précédentes. Dans le détail, WhatsApp représente désormais 21 % de ces cas, tandis que Telegram suit avec 18 %, enregistrant même une spectaculaire progression de 121 % au cours du second semestre 2024.
Si Facebook reste l’une des cibles favorites des escrocs, les messageries cryptées comme WhatsApp et Telegram gagnent rapidement du terrain, principalement en raison de la sécurité apparente offerte par leur chiffrement de bout en bout.
Faux conseillers bancaires : WhatsApp détourné pour piéger les victimes
L’arnaque au faux conseiller bancaire, traditionnellement menée par SMS ou par email, se développe désormais massivement sur WhatsApp. L’escroc contacte sa victime en affichant le logo officiel de sa banque accompagné des mentions « Service fraude » ou « Service client ». Sous couvert d’assistance face à une tentative frauduleuse, le malfaiteur incite alors sa victime à activer le partage d’écran avant de se connecter à son application bancaire, lui permettant ainsi d’intercepter ses données confidentielles. Plusieurs cas récents signalent même l’usage de deepfakes permettant d’imiter la voix ou l’apparence réelle d’un conseiller bancaire.
Les jeunes adultes, principales cibles des escroqueries à l’achat
Les escroqueries liées à l’achat ou à la revente de biens, en particulier de billets de concert, connaissent également un essor important sur ces plateformes. Selon Revolut, 74 % des victimes sur WhatsApp et Telegram ont entre 15 et 34 ans. Cette tranche d’âge, plus active sur les réseaux sociaux et moins sensibilisée aux risques numériques, constitue une cible privilégiée pour les fraudeurs.
La montée en puissance de l’intelligence artificielle et des deepfakes complique encore davantage la lutte contre ces fraudes. Les pirates utilisent désormais ces technologies pour créer de faux profils extrêmement réalistes, renforçant la crédibilité de leurs scénarios frauduleux et compliquant leur détection.
Meta et WhatsApp multiplient les outils de protection
Face à ces critiques persistantes, Meta a lancé en 2024 une technologie de reconnaissance faciale destinée à bloquer les publicités frauduleuses, particulièrement celles usurpant l’identité de célébrités ou d’institutions reconnues. Lors des premiers essais, cette solution a permis un taux de détection prometteur de 90 %. De son côté, WhatsApp a introduit des outils permettant aux utilisateurs de bloquer les appels provenant de numéros inconnus et de mieux contrôler leur ajout à des groupes, afin de réduire les tentatives de fraude.
Malgré ces mesures, les acteurs du secteur financier comme Revolut estiment que Meta ne va pas assez loin. Ils réclament des actions plus drastiques : une vérification systématique des annonceurs, une suppression proactive des contenus frauduleux et une prise en charge partielle des coûts de remboursement des victimes. L’annonce récente, début 2025, de la fin du programme de vérification de l’information par Meta, remplacé par un système basé sur des signalements communautaires baptisé « Community Notes », alimente encore les craintes d’une augmentation des fraudes.
Une coopération renforcée entre plateformes, banques et autorités
Face à cette menace grandissante, Meta a rejoint récemment la Tech Against Scams Coalition, une initiative rassemblant plateformes technologiques, forces de l’ordre et organisations non gouvernementales, afin de mieux partager les informations sur les modes opératoires des escrocs et coordonner une réponse efficace. En octobre 2024, la société a également noué un partenariat avec plusieurs banques britanniques et le réseau FIRE, permettant la suppression rapide de 20 000 comptes frauduleux.
Pour réduire les risques de tomber dans ces pièges numériques, quelques bonnes pratiques restent incontournables. Les utilisateurs doivent systématiquement activer l’authentification à deux facteurs sur leurs applications, vérifier avec attention l’identité de leurs interlocuteurs, se méfier des liens suspects et signaler immédiatement toute activité suspecte via les outils proposés par les plateformes. En cas de fraude avérée, il est impératif de changer immédiatement ses mots de passe, se déconnecter de toutes les sessions ouvertes et contacter rapidement le service support de l’application concernée.
Meta face à une crise de confiance persistante
Un an après les avertissements lancés par 41 procureurs américains reprochant à Meta son manque de proactivité, les critiques persistent et s’intensifient. Face à une menace qui ne cesse de croître en volume et en sophistication, les plateformes comme Meta et Telegram sont confrontées à un défi majeur : rassurer leurs utilisateurs, restaurer leur crédibilité et véritablement endiguer ce fléau des fraudes en ligne.