Il y a parfois des trajectoires qui en disent plus long qu’un bilan comptable. Celle de Khvicha Kvaratskhelia, ailier géorgien de 24 ans, en fait partie. Recruté en janvier dernier par le PSG pour 70 millions d’euros, le joueur a justifié en un match – ou presque – l’investissement consenti. Lors du quart de finale aller de Ligue des champions face à Aston Villa, il a brillé. Un but somptueux, des dribbles chirurgicalement placés, et une victoire décisive (3-1) à la clé. Paris, souvent friable dans les moments qui comptent, semble avoir trouvé son homme de confiance pour les grands soirs.
A LIRE AUSSI
Le PSG a choisi Massy pour son futur stade
Kvara marque crée et aspire les défenses
Il faut dire que « Kvara », comme on le surnomme dans les cercles du football globalisé, coche plusieurs cases du joueur moderne : technique affûtée, vision périphérique, mobilité permanente. Mais ce qui surprend, c’est la vitesse à laquelle il s’est imposé. En l’espace de quelques semaines, il est devenu incontournable. Une montée en puissance amorcée dès les huitièmes contre Liverpool, où, malgré un but refusé, il avait fait forte impression. Les chiffres suivent : il marque, il crée, il aspire les défenses adverses comme un aimant.
Ce basculement n’allait pas de soi. Ses premières apparitions avaient laissé sceptiques certains suiveurs du club. Mais comme souvent, la patience de Luis Enrique, manager hors pair, a fini par payer. Et l’alchimie avec l’encadrement semble fonctionner. Luis Enrique, qui voit dans le joueur l’incarnation du « projet », parle de rigueur et de discipline. Deux vertus rarement associées aux artistes du ballon rond.
Symbole d’une ère moins « bling-bling »
Le joueur, lui, avance sans tapage. À peine arrivé, il s’est vu confier le numéro 7 laissé vacant par Kylian Mbappé, parti conquérir d’autres sommets sous le soleil de Madrid. Le geste est fort. Presque politique. Il marque une transition, une mutation du club vers une nouvelle ère. Une ère moins bling-bling, plus enracinée dans la performance collective.
Mais pour comprendre l’impact de Kvaratskhelia, il faut remonter à Naples. Là-bas, il a coûté 13 millions d’euros en 2022. Une bagatelle, à l’échelle des grands clubs. Et il a rendu bien plus : un Scudetto historique, des statistiques de MVP et un surnom qui en dit long – « Kvaradona ». À l’heure où les bilans sportifs s’évaluent en algorithmes et en expected goals, lui a ramené un titre concret. Palpable.
Avec la Géorgie aussi, il détonne. 18 buts en 41 sélections. Et un Euro 2024 où il a conduit son pays jusqu’aux huitièmes. Une performance presque irréelle pour une nation qui ne compte ni championnat majeur, ni centre de formation de référence. Mais le football adore les anomalies. Et Kvaratskhelia en est une.
Reste à transformer l’essai. Trouver l’équilibre entre génie solitaire et intégration dans un collectif. A Birmingham, une nouvelle pièce sera jouée ce soir. Avec, au bout, une hypothèse : et si le PSG tenait enfin son facteur X ? Celui qui ne se mesure pas qu’en kilomètres parcourus ou en passes clés, mais en frissons déclenchés.