Qui est Emmanuel Moulin, successeur d’Alexis Kohler à l’Elysée ?

Nouveau bras droit d’Emmanuel Macron, Emmanuel Moulin succède à Alexis Kohler. Son style plus humain pourrait apaiser les tensions au sommet de l’État.

En prenant, le 14 avril 2025, les rênes du secrétariat général de l’Élysée, Emmanuel Moulin est devenu l’un des hommes les plus puissants de la République. Ce haut fonctionnaire de 56 ans succède à Alexis Kohler, figure centrale de la Macronie depuis 2017, et incarne un changement de style à la tête du château, sans rupture sur le fond.

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Un technocrate au parcours sans faute

Diplômé de Sciences Po, de l’ESSEC et de l’ENA, Emmanuel Moulin affiche un parcours exemplaire au sein de la haute administration. Directeur du Trésor de 2020 à 2024, il a été au cœur des grandes orientations économiques de la France, notamment dans un contexte de crises successives. Il a également dirigé le cabinet de Bruno Le Maire à Bercy (2017-2020), puis celui de Gabriel Attal à Matignon en 2024.

Rompu aux rouages de l’État, fin connaisseur des finances publiques, il a joué un rôle clé dans la gestion de la crise grecque, participé aux sommets du G20, et s’est forgé une solide réputation de technicien rigoureux, adepte de l’orthodoxie budgétaire et défenseur d’une ligne pro-compétitivité.

La nomination d’Emmanuel Moulin intervient à un moment où Emmanuel Macron, affaibli sur le plan intérieur, cherche à maintenir la cohésion de son exécutif. Le nouveau secrétaire général aura pour mission de fluidifier les relations entre l’Élysée, Matignon et les ministères, tout en accompagnant les réformes dans un climat de tensions sociales et de défiance institutionnelle.

Un style aux antipodes de son prédécesseur

Là où Alexis Kohler imposait une rigueur implacable, un sens aigu du secret et une autorité redoutée, Emmanuel Moulin tranche par un style plus ouvert et humain. Décrit comme accessible, doté d’humour et de diplomatie, il est connu pour sa capacité à détendre les réunions tendues et pour son goût des imitations – notamment celle de Nicolas Sarkozy – qui ont marqué les couloirs de Bercy.

Sa méthode repose davantage sur l’écoute et le dialogue que sur la verticalité. Une orientation relationnelle nouvelle, qui pourrait apaiser certaines tensions internes au pouvoir, tout en maintenant la fermeté sur les dossiers économiques.

Un changement de style, pas de cap

La continuité reste toutefois de mise sur le fond. Emmanuel Moulin partage avec son prédécesseur une même culture technocratique et une loyauté sans faille envers le président. Sa nomination vise à garantir la stabilité de la ligne économique de l’exécutif : maîtrise des dépenses publiques, compétitivité, responsabilité budgétaire.

Mais là où Kohler était considéré comme un « vice-président » officieux, centralisateur et maître des horloges élyséennes, Moulin devra trouver sa place dans un rapport de confiance avec le chef de l’État, sans en être l’alter ego.

Déjà auditionné par une commission parlementaire sur le dérapage des finances publiques, Emmanuel Moulin sait qu’il sera scruté de près. Sa capacité à porter la politique de l’exécutif, à défendre la ligne budgétaire tout en assurant la cohésion de l’équipe gouvernementale, sera déterminante.

Il arrive dans un contexte où le pouvoir macroniste doit composer avec un Parlement fracturé, une opinion volatile, et une scène politique en recomposition. Sa marge de manœuvre est étroite, ses marges d’erreur, minimes.

Un pari d’équilibre

En pariant sur Emmanuel Moulin, l’Élysée fait le choix d’un haut fonctionnaire chevronné, discret mais efficace, capable de garantir la continuité économique tout en humanisant le fonctionnement du sommet de l’État. Son profil incarne une forme de transition : moins verrouillé, plus fluide, sans rupture avec l’héritage des huit années de Kohler.

Dans la dernière ligne droite du second quinquennat, sa mission sera d’autant plus délicate qu’il lui faudra concilier rigueur financière, apaisement politique et loyauté institutionnelle. Un équilibre subtil, dans une période sous haute tension.


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