Chiens, chats, hérissons ou lapins : ces stars des réseaux sociaux sont devenues les nouvelles coqueluches du marketing digital. Derrière leurs frimousses attendrissantes, un écosystème économique bien rodé.
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Les animaux influenceurs, figures montantes des réseaux sociaux
En 2025, les animaux influenceurs ne sont plus une curiosité numérique. Ils sont devenus des piliers du marketing d’influence, surfant sur la viralité des contenus mignons pour capter des millions d’yeux — et de clics. À lui seul, Jiffpom, un spitz californien à la peluche naturelle, cumule plus de 30 millions d’abonnés sur TikTok, Instagram et Facebook. Collaborations avec Amazon, Disney, cachets de 32 000 dollars par publication : l’animal est aujourd’hui une marque à part entière, avec une valeur nette estimée à plusieurs millions de dollars.
Comment en est-on arrivé là ? Leur pouvoir tient à leur apparente innocence : un chien ou un chat séduit instantanément, sans heurter. Dans un monde saturé d’images, leur langage visuel simple et universel transcende les frontières culturelles et linguistiques. Résultat : ces compagnons à quatre pattes sont devenus des interfaces émotionnelles idéales pour les marques en quête de visibilité.
Un marché en ébullition : le boom du petfluencing
Ce phénomène a désormais ses chiffres. Le marché mondial des influenceurs animaliers — ou petfluencers — est estimé à 1,5 milliard de dollars en 2023, et devrait croître de 19 % par an jusqu’en 2030. Des mascottes numériques qui génèrent un engagement massif et stable, bien supérieur à celui de nombreux créateurs de contenu humains.
Aux États-Unis, Doug the Pug, avec ses millions de fans, aurait engrangé plus de 610 000 dollars en revenus sponsorisés l’an dernier. Une notoriété qui s’exporte, se décline en produits dérivés, et inspire des milliers de comptes similaires à travers le monde.
De la gamelle aux NFT : comment les animaux monétisent leur image
Les sources de revenus de ces animaux-star sont aussi variées que les tendances du numérique :
– Partenariats et sponsoring : les géants comme Netflix, Purina ou Google rémunèrent ces influenceurs pour vanter leurs produits dans des campagnes ciblées.
– Produits dérivés : peluches, vêtements, calendriers ou gammes de nourriture. La défunte Grumpy Cat a généré plusieurs millions grâce à ses propres lignes d’objets.
– Contenus exclusifs : certains proposent des vidéos ou photos privées sur des plateformes comme Patreon, contre un abonnement mensuel.
– NFT et métavers : les plus avant-gardistes, comme Nala Cat, ont lancé des collections de jetons numériques et investissent des environnements immersifs pour diversifier leur présence.
Stars françaises : les animaux qui cartonnent en France
La France n’échappe pas à cette vague. Elle compte elle aussi ses figures animales de premier plan, suivies par des centaines de milliers de fans.
À commencer par Natsu (@ashibainparis), un Shiba Inu parisien au charisme zen, qui attire près de 900 000 abonnés. Son univers, très esthétique, mêle flâneries urbaines, cafés branchés et paysages de carte postale.
Le tandem Kitty et Lola (@kittyandlola) — un Chihuahua et un Lévrier italien — incarne un chic minimaliste, avec plus de 370 000 abonnés séduits par leurs clichés soignés.
Le discret mais influent Jaeger, également présent sur @ashibainparis, invite à découvrir Paris au rythme des pattes, tout en livrant des conseils pour voyager avec son compagnon.
Riva, un cocker photogénique, accompagne Anaëlle Chrétien, ex-Miss Normandie, dans ses sessions sportives et escapades nature.
Quant aux Two Bear Brothers (@two.bear.brothers), alias Wapi et Malou, ils partagent avec leur communauté une passion pour les grands espaces, entre bivouac, randonnée et équipements outdoor.
Pourquoi les marques misent sur les animaux influenceurs
Dans un paysage saturé de contenus publicitaires, les animaux offrent aux marques une alternative redoutablement efficace. Leur taux d’engagement dépasse souvent celui des influenceurs humains : le contenu est perçu comme plus authentique, plus spontané, donc plus digne de confiance.
Leur attrait est également universel. Contrairement à des personnalités parfois clivantes, les animaux fédèrent toutes les générations, tous les milieux, toutes les cultures. De plus, ils ne s’expriment pas — un atout stratégique : pas de prise de position maladroite, pas de polémique, aucun risque d’image.
Créer du lien : quand l’émotion devient levier de fidélité
Mais leur efficacité ne s’arrête pas à la première impression. Les animaux influenceurs permettent aux marques de construire une relation affective avec leurs publics. En intégrant subtilement les produits dans la vie quotidienne de l’animal — une balade, une sieste, une friandise — le message devient narratif, presque invisible.
La force du storytelling animalier réside dans sa capacité à générer de l’attachement. L’exemple de Doug the Pug, ambassadeur régulier de la box canine BarkBox, illustre bien cette dynamique : ce n’est plus une publicité, c’est une histoire que l’on suit. Et grâce aux hashtags communautaires comme #dogsofinstagram ou #petsoftiktok, les fans s’impliquent, partagent, interagissent… jusqu’à devenir, eux aussi, ambassadeurs de la marque.
Petfluencing à la française : des campagnes qui font mouche
Plusieurs marques françaises ont saisi l’opportunité. Natsu, via My Pet Agency, a participé à des campagnes promouvant des accessoires urbains pour chiens, associant image moderne et élégance canine.
Riva, grâce à son lien avec Anaëlle Chrétien, a permis de valoriser une gamme de croquettes pour chiens actifs dans un univers mêlant sport, bien-être et engagement.
Enfin, les Two Bear Brothers ont collaboré avec Decathlon Outdoor pour mettre en avant leur équipement destiné aux chiens randonneurs, dans une campagne immersive diffusée sur Instagram.
Ce succès planétaire interroge. Si les animaux influenceurs incarnent une forme d’innocence numérique, ils sont aussi les symboles d’un système où l’attention devient une monnaie, et l’émotion un capital.