Le travail de traitement de l’information représente une part croissante de l’activité dans les économies avancées. Il inclut des opérations nombreuses mais peu visibles : lire, classer, rédiger, synthétiser, répondre. Ces tâches mobilisent l’attention, mais rarement les compétences les plus spécifiques ou les plus utiles. Depuis quelques mois, les outils d’intelligence artificielle permettent d’en automatiser une partie significative.
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IA et productivité : des gains mesurables pour les consultants
Le cas d’un consultant est éclairant. Chaque semaine, il doit analyser plusieurs dizaines de rapports pour produire des synthèses exploitables. Avant l’introduction de ChatGPT, cette opération prenait une dizaine d’heures. Elle en demande aujourd’hui trois. Le contenu produit n’est pas finalisé, mais suffisamment structuré pour accélérer le travail d’analyse. Le gain de temps est de l’ordre de 70 %. Il permet de se concentrer sur la stratégie, non sur la mise en forme.
Présentations, campagnes
Le constat est similaire dans une agence marketing. Préparer une présentation PowerPoint prenait auparavant plusieurs jours. Avec Gamma, un outil de génération automatique de slides, l’intégration de contenus bruts (textes, tableaux, visuels) suffit à produire un document exploitable en moins de deux heures. Une campagne publicitaire classique, qui mobilisait une équipe pendant trois jours, peut désormais être préparée en quelques heures.
Vidéo, finance, e-commerce
Le dérushage vidéo suit la même logique. Avec Gling, les séquences jugées pertinentes sont identifiées automatiquement. Là où un monteur consacrait jusqu’à trois heures par projet au tri des fichiers, cette étape est aujourd’hui réduite à trente minutes. Le temps économisé est réalloué au montage proprement dit.
Dans la finance, Notebook-LM permet d’analyser rapidement des documents contractuels complexes. Il détecte les éventuelles incohérences et signale les clauses manquantes. Dans le cadre d’une acquisition immobilière, cette tâche nécessitait auparavant plusieurs jours de lecture attentive. Elle peut désormais être réalisée en quelques heures. Le résultat est double : une plus grande réactivité et une meilleure sécurité juridique.
La logistique n’est pas en reste. Un e-commerçant confronté à un volume élevé de commandes et de requêtes clients peut s’appuyer sur Zapier et ChatGPT pour trier automatiquement les e-mails et générer des réponses adaptées. Le temps consacré à cette gestion quotidienne est divisé par deux. La qualité du service s’améliore, avec des réponses plus rapides et plus homogènes.
Perplexity, Gamma, Zapier : des outils en voie d’être indispensables
Les agences de communication s’appuient de plus en plus sur Perplexity pour la veille stratégique. Contrairement à d’autres outils, celui-ci fournit des réponses contextualisées à partir de données récentes. Une analyse de tendance sur TikTok ou LinkedIn, qui exigeait auparavant une semaine de recherches manuelles, peut être conduite en deux jours. Cela permet d’accélérer la conception des campagnes, sans renoncer à la pertinence.
Certaines entreprises restent réticentes à utiliser des outils étrangers pour le traitement de données sensibles. C’est dans ce contexte que s’inscrit Mistral AI. Ce modèle, conçu et hébergé en France, est déjà utilisé par des groupes comme BNP Paribas ou Orange. Il garantit que les informations ne quittent pas le territoire national. Ce positionnement répond à une demande croissante de solutions compatibles avec les exigences de souveraineté numérique.
Vers une nouvelle répartition du travail qualifié ?
L’automatisation des tâches de traitement de l’information ne concerne pas uniquement la productivité. Elle modifie la répartition du temps de travail dans les secteurs les plus qualifiés, en réduisant l’espace occupé par les opérations répétitives. Ces évolutions sont encore récentes, mais elles dessinent un mouvement de fond. Reste à en mesurer les effets sur les compétences attendues, les trajectoires professionnelles et, plus largement, sur l’organisation du travail.