Céline Chung a quitté un emploi stable dans le conseil pour se lancer dans un secteur qu’elle ne connaissait pas : la restauration. Elle a réussi à y construire un groupe de six établissements, rassemblant 180 salariés et réalisant un chiffre d’affaires de 12,5 millions d’euros. Un cas de reconversion devenu modèle entrepreneurial, révélateur des évolutions en cours dans le secteur.
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Céline Chung, du conseil à l’opérationnel
Diplômée et passée par Wavestone, Céline Chung décide en 2019 de se tourner vers un métier plus concret. « Je voulais donner un sens plus concret à mon travail, obtenir un résultat tangible », explique-t-elle. Elle acquiert une première expérience chez Paris New York (PNY), avant de s’associer avec Billy Pham pour ouvrir Petit Bao, rue Saint-Denis à Paris. Le restaurant propose des baos faits maison dans un cadre inspiré par les restaurants chinois contemporains. Le succès est immédiat.
La stratégie économique de la Bao Family repose sur une combinaison de volumes élevés, de rapidité de service et d’expérience client immersive. Environ 20 000 plats sont servis chaque semaine, avec un ticket moyen compris entre 25 et 31 euros. Le groupe vise une clientèle urbaine et active, attirée par la qualité des produits et un environnement visuel travaillé. Mais la rentabilité reste sous pression, notamment en raison de la hausse des prix des matières premières et des coûts salariaux.
Les établissements de la Bao Family sont conçus comme des lieux d’expérience. Le décor reprend des codes visuels inspirés des marchés de Shanghai ou des diners hongkongais. Cette approche s’inscrit dans une demande croissante des consommateurs pour une restauration enrichie par le design et la narration. En 2025, 45 % des Français déclarent rechercher une expérience culinaire augmentée par l’environnement ou la technologie.
En ligne avec l’évolution du marché
Végétalisation de l’offre
La carte actuelle repose sur des recettes chinoises classiques, comme le canard laqué ou les aubergines hongshao. Mais le développement de l’offre en protéines végétales haut de gamme pourrait élargir la clientèle, notamment auprès des flexitariens.
Digitalisation et livraison
Le marché de la livraison continue de croître (+82 % en 2024). Intégrer davantage de services numériques et développer la vente à emporter sont des axes logiques d’extension.
Sourcing local
La Bao Family met déjà en avant la traçabilité de ses ingrédients : farine biologique, viandes françaises. Cette transparence répond à une attente forte en matière de durabilité. Elle peut être renforcée.
Déploiement à l’international
Une levée de fonds est à l’étude pour financer une expansion européenne. La marque est bien installée, avec une clientèle fidèle. L’hypothèse d’une croissance hors de France est crédible.
Des risques identifiés
L’environnement économique reste contraint. Les coûts alimentaires devraient augmenter de 2,2 % en 2025, tandis que les tensions sur le marché du travail pèsent sur les charges de personnel. La fidélisation des salariés devient un enjeu central, dans un secteur marqué par une rotation élevée. Investir dans la formation et la qualité de vie au travail s’impose.
La concurrence, enfin, s’intensifie. De nombreux acteurs investissent le segment fast-casual, combinant rapidité et qualité. Pour conserver sa place, la Bao Family devra continuer à se différencier, sans s’éloigner de son modèle.