Tourisme : pourquoi Rouen attire de plus en plus de touristes étrangers

Rouen connaît un essor touristique spectaculaire avec +16 % de visiteurs étrangers en un an. Décryptage d'un vrai succès touristique.

En 2023, la capitale normande a accueilli 1,6 million de visiteurs étrangers, un bond de 16 % en un an. En 2024, les nuitées venues d’ailleurs ont encore progressé de 8 %. Paris, Bordeaux et Lyon captent toujours l’essentiel des flux internationaux, mais Rouen trace son chemin. Moins saturée, plus accessible, elle attire une clientèle en quête d’histoire, de culture et d’une France plus intime.

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Un décor qui fascine

Les rues de Rouen déroulent un passé qui fascine. La cathédrale Notre-Dame, la plus haute de France, capte les regards et les objectifs. Monet l’a peinte des dizaines de fois, inscrivant à jamais ses flèches dans l’imaginaire collectif. Les amateurs d’art, américains et japonais en tête, en font une étape essentielle. Le Gros-Horloge, chef-d’œuvre de la Renaissance, intrigue particulièrement les visiteurs asiatiques, passionnés par l’horlogerie ancienne. Sur la place du Vieux-Marché, Jeanne d’Arc hante encore les esprits.

Plus loin, les maisons à colombages, omniprésentes dans le centre, renforcent cette impression d’une ville figée dans le temps. « On a l’impression de marcher dans un décor de film médiéval », raconte un couple d’Allemands croisé sur la place du Vieux-Marché.

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La capitale de l’impressionnisme

Rouen vibre aussi à travers les couleurs de Monet, Pissarro et Gauguin. La ville a offert à ces peintres ses brumes et ses lumières changeantes, et leurs toiles lui rendent la pareille en attirant chaque année des milliers d’amateurs d’impressionnisme. Les musées rouennais l’ont bien compris. En 2024, ils ont célébré les 150 ans du mouvement en accueillant des expositions de portée internationale. Les galeries ont attiré les passionnés venus d’Amérique et d’Asie, soucieux de voir les œuvres là où elles ont été pensées.

À 1h15 de Paris, Rouen offre une échappée hors des circuits surchargés. Les visiteurs arpentent la ville sans la pression des grandes métropoles, prennent le temps de flâner sur les quais de Seine, découvrent les marchés locaux et les petits bistrots du centre. Le prix de la visite compte aussi. L’hôtellerie et la restauration y sont plus accessibles qu’à Paris, un atout qui pèse dans le choix des touristes étrangers. Un couple de Canadiens en visite en témoigne : « On voulait voir une autre facette de la France, moins touristique que Paris. Rouen a été une vraie surprise. »

Le port de Rouen fait de la ville un point d’ancrage pour les croisières fluviales entre Paris et la Normandie. Chaque année, des milliers de voyageurs américains et nord-européens y font escale, séduits par son patrimoine et sa gastronomie. L’Armada, qui rassemble les plus grands voiliers du monde tous les cinq ans, renforce cette attractivité. En 2019, l’événement a attiré plus de trois millions de visiteurs, dont une part grandissante de touristes étrangers.

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Une cuisine qui fait voyager

Les voyageurs viennent aussi à Rouen pour l’assiette. La cuisine normande résonne bien au-delà des frontières, et la ville sait la mettre en valeur. Le canard à la rouennaise, élaboré selon une technique qui intrigue les gastronomes du monde entier, figure parmi les expériences culinaires qui attirent les visiteurs avertis. Les fromages normands, du Camembert au Livarot, s’imposent comme un passage obligé pour les amateurs de spécialités françaises. Les produits de la mer – huîtres, coquilles Saint-Jacques, poissons de la Manche – séduisent une clientèle britannique et scandinave en quête d’authenticité. Certains voyageurs planifient même leur passage en fonction des tables.

Une stratégie tournée vers l’international

Rouen ne s’est pas imposée par hasard. La ville a su se positionner sur les marchés touristiques étrangers, en renforçant sa présence dans les grands salons du tourisme et en travaillant avec les agences de voyage et les compagnies de croisières. L’accueil des visiteurs s’adapte aussi : les musées et sites historiques proposent désormais des contenus en anglais, japonais, chinois et espagnol. À cette dynamique s’ajoute un engagement vers un tourisme plus durable. Rouen mise sur les mobilités douces, protège son patrimoine et veille à maîtriser ses flux de visiteurs pour éviter les dérives du surtourisme.

L’essor de Rouen repose sur un équilibre subtil entre histoire, culture et art de vivre. Moins saturée que Paris, elle capte une clientèle en quête d’expériences plus authentiques, loin des foules et des itinéraires balisés. Sa fréquentation étrangère ne cesse d’augmenter, confirmant son statut de nouvelle capitale touristique normande. Une ville où le passé dialogue avec le présent, au rythme des voyageurs du monde entier.


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