Flowdesk, c’est l’histoire d’une montée en puissance éclair. Créée en 2020, l’entreprise s’est imposée comme un acteur clé de l’apport de liquidités sur le marché des cryptomonnaies. Son modèle ? Une plateforme de market making (teneur de marché) qui permet aux émetteurs de tokens d’assurer une liquidité permanente. Ce service sur abonnement a séduit les investisseurs et les institutions à l’international. Ce succès s’accompagne d’une forte croissance. Grâce à cette nouvelle levée de fonds, Flowdesk envisage de doubler ses effectifs, de développer des solutions pour le trading de gré à gré (OTC) et les dérivés, d’investir dans la conformité, et d’ouvrir un bureau aux Émirats arabes unis.
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Flowdesk et les fonds américains
Mais qui finance le développement de Flowdesk ? Parmi les investisseurs historiques de l’entreprise, on retrouve les sociétés d’investissement françaises Eurazeo et ISAI (Kosciusko-Morizet, Roux de Bezieux, Ohayon…), et le fonds de capital risque international Cathay Innovation. La dernière levée de fonds a été menée par l’allemand HV Capital. Mais Flowdesk est aussi soutenu par plusieurs acteurs américains, comme Ripple, Coinbase Ventures et Delphi Ventures. Mais le plus important d’entre eux est bien connu en France : il s’agit de BlackRock.
Le mastodonte de la finance américaine, qui pèse 11,5 milliards de dollars, vient de jeter son dévolu sur la start-up tricolore. Le numéro un mondial de la gestion d’actifs a apporté du capital à Flowdesk sous forme d’une dette provenant de fonds dont il assure la gestion. BlackRock n’a jamais caché ses ambitions dans le secteur de la tokenisation des actifs traditionnels, dont Flowdesk est un spécialiste.
Les Etats-Unis : un choix culotté
Flowdesk ne se contente pas de grandir avec des fonds venus d’outre-Atlantique : l’entreprise fondée en 2020 par Guilhem Chaumont, Paul Bugnot, François Cluzeau et Balthazar Giraux a très vite tout misé sur le marché américain. Les quatre entrepreneurs ont eu l’audace de s’installer aux Etats-Unis sous le mandat de Joe Biden, dont l’administration a mené des réformes défavorables au marché crypto.
Ce choix s’est avéré payant : Flowdesk a profité de cette période de turbulences réglementaires pour s’imposer comme l’un des premiers fournisseurs de liquidités au marché crypto à l’échelle mondiale. Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir, le climat est de nouveau favorable et Flowdesk profite désormais pleinement de sa position dominante. Depuis l’approbation des ETF Bitcoin en janvier dernier et le virage très favorable aux cryptomonnaies de la nouvelle administration, Wall Street a les yeux rivés sur la crypto. Et Flowdesk est en première ligne. Pour creuser son sillon au pays de l’oncle Sam, la start-up a aussi « américanisé » sa gouvernance avec l’arrivée des Américains Reed Werbitt (directeur des activités aux Etats-Unis) et James Morgan (directeur juridique).
eFront, racheté en 2019 par… BlackRock
Devenu un « market maker » indispensable au marché des cryptomonnaies, sur lequel les Etats-Unis veulent asseoir leur leadership, Flowdesk suscite des convoitises… Certains acteurs américains pourraient être tentés de faire main basse sur une entreprise cruciale pour l’industrie crypto.
Dès lors, une question se pose : Flowdesk, qui compte déjà plusieurs acteurs américains à son capital, pourra-t-il rester français ? Le doute est permis. L’environnement réglementaire américain risque de devenir plus favorable aux entreprises du secteur, alors que dans le même temps, l’Europe, fait le chemin inverse en durcissant sa législation. La croissance de Flowdesk passe donc sans doute par une expansion encore plus forte outre-Atlantique.
Si Flowdesk est encore une entreprise française, dotée d’un agrément PSAN délivré par l’Autorité des marchés financiers (AMF), qu’en sera-t-il demain en cas de nouvelle levée de fonds ou d’offre de rachat ? Les exemples de start-up françaises prometteuses passées sous pavillon américain sont légion : Silæ, Dataiku, Drivy, PeopleDoc, Zenly, ou encore eFront, racheté en 2019 par… BlackRock pour 1,3 milliards de dollars. Flowdesk viendra-t-il gonfler cette liste d’ici quelques années ?