Schneider Electric décroche en Bourse : l’IA et Microsoft refroidissent les investisseurs

La sanction boursière frappe Schneider Electric après une inquiétante annonce de Microsoft. Analyse d'un coup de froid inattendu dans le secteur des data centers.

En Bourse, les modes passent aussi vite qu’elles arrivent, et les marchés aiment sanctionner l’excès d’enthousiasme. Le titre Schneider Electric vient d’en faire l’amère expérience. Ce lundi 24 février, l’action du champion français des infrastructures électriques décroche nettement à Paris, cédant 4,4% en fin de matinée après avoir touché un point bas à -5,5% en début de séance.

Derrière ce coup de froid brutal, une annonce venue d’outre-Atlantique : Microsoft aurait annulé des contrats « importants » de location de centres de données aux États-Unis. Des contrats représentant une capacité dépassant le gigawatt, soit l’équivalent d’une petite centrale nucléaire.

Retours préoccupants des fournisseurs de Microsoft

À l’origine de l’alerte, une note des analystes de TD Cowen relayée par Bloomberg. Ceux-ci ont recueilli des retours préoccupants des fournisseurs de Microsoft. L’éditeur de logiciels américain, pourtant bien décidé à investir 80 milliards de dollars dans les data centers d’ici à 2025, n’a pas directement commenté ces informations. Mais le message implicite est clair : le géant de Redmond aurait-il vu trop grand, trop vite, emporté par la frénésie de l’intelligence artificielle ? L’an dernier, Amy Hood, directrice financière de Microsoft, déplorait déjà des contraintes de capacités freinant la croissance du cloud Azure. À l’évidence, Microsoft est passé d’une logique de pénurie à une crainte de surcapacités.

Inquiétude contagieuse

Cette inquiétude est contagieuse. À Paris, Legrand recule de 1,4%. À Milan, Prysmian lâche 3,6%. À Francfort, Siemens Energy perd autour de 4 à 5%, tandis qu’à Wall Street, GE Vernova plonge de près de 9%. Les marchés ont peur que l’euphorie autour de l’IA ne se dissipe aussi vite qu’elle est apparue.

Mais pour Schneider Electric, l’enjeu est particulièrement fort : les data centers génèrent aujourd’hui environ un quart de son chiffre d’affaires, selon son directeur général Olivier Blum. C’est même devenu son principal relais de croissance, particulièrement dynamique en Amérique du Nord où l’activité de gestion d’énergie a récemment bondi de plus de 25%. Le groupe français vend non seulement des équipements électriques permettant des économies d’énergie, mais aussi des logiciels optimisant la consommation électrique des bâtiments et des data centers. Autrement dit, toute contraction des investissements en centres de données aux États-Unis – premier marché mondial dans ce secteur – résonne très directement dans ses comptes.

« Rotation » des investisseurs vers d’autres secteurs

Bien sûr, certains observateurs jugent sévèrement cette sanction boursière : un analyste pointe une réaction du marché qu’il estime « exagérée », tandis qu’un intermédiaire financier évoque une « rotation » des investisseurs vers d’autres secteurs, rendant Schneider Electric d’autant plus vulnérable à un mouvement aussi soudain.

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