Le ballet diplomatique s’accélère. Emmanuel Macron devance de peu le Britannique Keir Starmer à Washington, où il rencontre Donald Trump ce 24 février. Objectif affiché du président français : remettre l’Europe au centre du jeu dans le dossier ukrainien, aujourd’hui monopolisé par le tête-à-tête russo-américain.
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Car le locataire de la Maison-Blanche semble pressé, trop peut-être, d’en finir avec Vladimir Poutine. Quitte à sacrifier sur l’autel d’un accord précipité certains intérêts sécuritaires européens jugés essentiels à Paris.
Macron joue serré face à un Trump imprévisible
Sa stratégie : peser directement sur Trump pour éviter un compromis trop avantageux pour Moscou. Derrière cette initiative pointe aussi une ambition européenne renouvelée, dans un contexte continental incertain. Avec la victoire électorale de Friedrich Merz outre-Rhin et le départ programmé d’Olaf Scholz, le président français entend affirmer plus clairement son leadership sur la sécurité européenne.
Paris et Londres avancent d’ailleurs ensemble sur les garanties sécuritaires à accorder à Kiev, au lendemain d’un éventuel cessez-le-feu. Les deux capitales envisagent ouvertement de bâtir une coalition européenne prête à envoyer des troupes sur le terrain ukrainien. Un projet exigeant toutefois un indispensable appui logistique et en renseignement de Washington. Or Trump a toujours clamé son opposition à tout nouvel engagement militaire direct en Europe, compliquant sérieusement la manœuvre franco-britannique.
Macron défie Trump sur l’avenir de l’Ukraine
Face à ces contradictions américaines, Macron joue habilement sur le registre de la crédibilité internationale. Pour convaincre Trump, il mise sur l’image forte que le président américain tient à préserver face à Moscou, mais aussi à Pékin ou Téhéran. En rappelant également que la sécurité européenne demeure étroitement liée aux intérêts des États-Unis dans un contexte où la Russie poursuit méthodiquement son réarmement, le président français teste néanmoins les limites d’une relation personnelle déjà éprouvée durant le premier mandat Trump.
Mais l’enjeu ultime dépasse la seule relation bilatérale. La crainte majeure des Européens reste celle d’être relégués aux marges des négociations cruciales. Ils redoutent une paix bâclée, conclue à la hâte entre Washington et Moscou, qui laisserait Kiev fragilisée et l’Europe exposée durablement. C’est précisément ce scénario qu’Emmanuel Macron entend prévenir, en intervenant directement auprès d’un président américain toujours aussi imprévisible.