C’était un coup de téléphone comme l’histoire en connaît trop, un de ces dialogues au cours duquel les puissants décident du sort des peuples sans eux, sans leur voix, sans leur droit à disposer d’eux-mêmes. Le 12 février 2025, Donald Trump et Vladimir Poutine se sont accordés sur l’essentiel : discuter du sort de l’Ukraine entre eux, sans l’Ukraine, sans l’Europe, comme si l’histoire et les frontières n’étaient que des cartes de poker échangées sur le tapis vert de leurs calculs.
Ce tête-à-tête diplomatique, qui annonce une rencontre en personne d’ici la fin du mois, est plus qu’un simple coup de force. C’est une trahison. Une mise au ban de l’Europe, reléguée au rang de spectatrice impuissante. Une gifle infligée à l’Ukraine, pays martyrisé, contraint d’écouter ses bourreaux décider de son avenir sans même être invité à la table.
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L’entente des puissants contre les peuples
Ne soyons pas dupes. Derrière les formules lisses et les déclarations hypocrites sur la paix, ce qui se joue, c’est un renversement brutal de l’ordre international. Trump et Poutine ne négocient pas la paix, ils s’entendent sur un partage d’influence. L’un, mégalomane autocrate, rêve de faire de ces pourparlers un coup de communication à peu de frais. L’autre, dictateur cynique, y voit l’occasion rêvée de faire plier l’Occident et d’entériner ses conquêtes territoriales.
Car que signifient ces discussions sans l’Ukraine ? Ni plus ni moins qu’un marché honteux sur son dos. Poutine n’a jamais caché son objectif : une Ukraine démilitarisée, soumise, vidée de sa souveraineté. Trump, lui, n’a jamais fait mystère de son mépris pour l’Europe et son soutien tiède à Kiev. L’idée d’un « deal » entre les deux hommes est un cauchemar pour tous ceux qui défendent un ordre mondial fondé sur le droit des peuples plutôt que sur le diktat des empires.
L’Europe humiliée, l’Ukraine abandonnée ?
L’exclusion des Européens de ces discussions est un affront sans précédent. Pendant des années, les démocraties du Vieux Continent ont soutenu Kiev, envoyé des armes, accueilli les réfugiés, pris des sanctions contre Moscou, affirmé que la sécurité européenne se jouerait en Ukraine. Aujourd’hui, elles découvrent que Washington les considère comme des figurants. Que leur parole ne pèse rien face à la volonté d’un président américain prêt à tout pour flatter son ego et conclure un marché rapide avec un dictateur.
L’Ukraine, elle, est plus isolée que jamais. Volodymyr Zelensky a beau saluer une « conversation significative » avec Trump, il sait que les Américains ne sont plus fiables. L’ombre de Munich plane à nouveau : à l’époque, on sacrifiait la Tchécoslovaquie pour apaiser Hitler. Aujourd’hui, sacrifiera-t-on l’Ukraine pour satisfaire Poutine ?
Le réveil européen ou la soumission
Face à ce péril, l’Europe a une alternative simple : se réveiller ou disparaître. Se donner enfin les moyens d’assurer sa propre sécurité ou accepter d’être ballottée au gré des décisions de Washington et Moscou. Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires Etrangères, a raison : c’est un « moment historique ». Un moment où l’Union européenne doit comprendre qu’elle ne peut plus se contenter d’être un suiveur.
Il est temps d’abandonner l’illusion d’un protectorat américain. L’Europe doit renforcer sa défense, imposer sa voix, refuser d’être mise de côté dans les négociations qui engagent son avenir. Si Trump veut offrir l’Ukraine à Poutine, alors que l’Europe lui dise non. Fermement. Avec des actes, pas des déclarations creuses.
Car l’histoire est cruelle pour ceux qui se laissent endormir. L’Europe a déjà payé cher son aveuglement face à la Russie. Elle paiera encore plus cher si elle laisse deux autocrates décider de son destin sans elle.
