Intelligence artificielle : un Sommet pour quoi faire ?

Ce 10 février 2025, sous la nef du Grand Palais, la France déroule le tapis rouge à la crème de la tech mondiale. Un sommet pour l'action sur l'Intelligence Artificielle et une ambition : exister dans la course à l’intelligence artificielle.

Pendant deux jours, chefs d’État, chercheurs, entrepreneurs, ONG et artistes vont se succèder à la tribune pour débattre d’un futur où l’IA est partout. Cinq grands thèmes sont au menu de ce premier Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle : IA et intérêt général, avenir du travail, innovation et culture, confiance dans l’IA, gouvernance mondiale.

Les invités donnent le ton. Ursula von der Leyen pour l’Europe, JD Vance pour les États-Unis, un émissaire chinois, et côté business, Sam Altman (OpenAI), Brad Smith (Microsoft), Sundar Pichai (Google). La bataille du XXIe siècle ne se joue plus sur les champs de pétrole ou d’uranium, mais sur les algorithmes et les semi-conducteurs. Et l’Europe cherche désespérément à ne pas se faire damer le pion.

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Un monde sous haute tension

L’IA est devenue une affaire d’État. En janvier, Donald Trump a serré la vis : les États-Unis ont restreint l’exportation des puces indispensables aux modèles d’IA avancés. Nvidia, le géant des processeurs, s’est étranglé : une décision qui pourrait « faire dérailler l’innovation mondiale ». Autrement dit, la Maison-Blanche entend garder la main sur la plus grande révolution technologique depuis Internet. L’Europe, elle, tente de se frayer un chemin entre Washington et Pékin. Pas simple.

Dans le dernier classement Global Vibrancy de Stanford, les États-Unis dominent. La Chine et l’Inde suivent. Le Royaume-Uni surprend à la troisième place. La France ? Sixième, derrière l’Allemagne et la Corée du Sud. Un classement honorable, mais un fossé technologique béant avec les trois premiers. L’écosystème est là, les talents aussi. Mais les moyens ?

L’événement est une vitrine. Avant le sommet, Paris a multiplié les initiatives : journées scientifiques à l’Institut Polytechnique de Paris, week-end culturel autour de l’IA, session business à Station F. De l’affichage. Mais derrière, la bataille est féroce.

Des start-up à l’offensive

Si la France a du mal à rivaliser avec les mastodontes américains, elle a des pépites. Mistral AI et Hugging Face sont les plus connues. Mais d’autres tirent leur épingle du jeu. Artefact, champion du conseil en data et IA. Doctrine, qui révolutionne le droit grâce à l’intelligence artificielle. Bioptimus, qui applique l’IA à la médecine avec son modèle open source H-optimus-0, déjà utilisé pour détecter cellules cancéreuses et anomalies génétiques.

Sur le terrain plus grand public, PhotoRoom s’impose comme l’application de retouche d’image la plus téléchargée au monde. 150 millions d’installations et un modèle premium qui séduit e-commerçants et PME. Plus discret, Giskard mise sur la fiabilité : sa plateforme de test de modèles IA, en open source, intéresse l’Union européenne, qui voit en elle un levier pour standardiser et sécuriser l’IA.

Microsoft et l’effet Station F

Les géants de la tech scrutent de près l’écosystème français. Microsoft a lancé GenAI Studio, un programme d’accompagnement pour 2 500 start-up d’ici 2027. Soutenu par Mistral AI, Nvidia et GitHub, il veut faire émerger les futurs champions européens. Parmi les premières pépites sélectionnées : Amphitrite (imagerie satellite), Qevlar (agents IA autonomes), Raidium (imagerie médicale). Un terreau fertile, mais encore fragile.

L’IA, une guerre de puissance

Les discours sur l’éthique et la gouvernance mondiale sont beaux. Mais sur le terrain, les rapports de force sont brutaux. Qui contrôlera demain les infrastructures critiques de l’IA ? Qui imposera ses normes ? Les États-Unis foncent. La Chine investit massivement. L’Europe régule.

La France veut peser. Elle affiche ses ambitions. Mais derrière les projecteurs du Grand Palais, la vraie bataille se joue ailleurs : brevets, financements, industrialisation. Paris brille en ce début février. Mais dans un an, où en sera-t-on ?

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