Italie : un excédent commercial qui cache un mal profond

L’annonce a récemment fait grand bruit : l’Italie, quatrième exportateur mondial. Une performance relayée avec enthousiasme dans les médias. Mais derrière l’effet d’annonce, le tableau est plus contrasté, un peu comme une façade en trompe-l’œil sur une place baroque.

L’Italie s’est retrouvée au pied du podium mondial des exportateurs. Impressionnant ? Pas tant que ça.

Première nuance : on retire des calculs les Pays-Bas, géant logistique européen, dont les exportations sont gonflées par le transit massif de marchandises via Rotterdam. Une comparaison sans eux, certes plus juste, donne un avantage temporaire aux Italiens.

Deuxième nuance : le classement est fragile. L’Italie n’a dépassé le Japon et la Corée du Sud qu’au premier semestre 2024, avec 341 milliards de dollars de biens exportés. Mais sur l’ensemble des neuf premiers mois, elle recule derrière ces deux mastodontes. Autrement dit, la performance tient plus du sprint que du marathon.

Troisième nuance : l’effet de change. La dégringolade du yen japonais et du won coréen face au dollar a pénalisé leurs chiffres en valeur, contrairement à l’euro, qui a joué les stabilisateurs.

En réalité, l’industrie italienne n’est pas au mieux de sa forme. Le volume de production industrielle baisse depuis deux ans, faisant légèrement moins bien que la moyenne de la zone euro. Comparée à la France, où la production stagne, l’Italie peine davantage.

Et paradoxalement, ce sont ses faiblesses internes qui expliquent ses chiffres flatteurs à l’exportation. La demande intérieure est en berne, poussant les entreprises italiennes à chercher des débouchés ailleurs. Là où la consommation française soutient les importations, les ménages italiens, eux, se serrent la ceinture.

Si l’Italie brille dans l’exportation de marchandises, c’est une autre histoire pour les services. En la matière, le pays n’occupe que la 15ᵉ place mondiale, loin derrière la France, qui se hisse à la 5ᵉ place. Une faiblesse structurelle qui limite la portée réelle de son commerce extérieur.

Alors oui, l’Italie a temporairement brillé. Mais cette lumière ne doit pas éblouir. Derrière les chiffres, l’industrie italienne peine à retrouver son souffle. L’excédent commercial est flatteur, mais il repose sur une consommation intérieure en apnée. Une performance plus subie que choisie, finalement.


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