L’approche Musk est limpide : il faut des résultats, et vite. Conquérir Mars coûte cher, extrêmement cher. Pas question d’attendre. Avant même l’investiture de Trump, Musk pousse ses pions : il propose d’installer des cadres de SpaceX dans des postes stratégiques du gouvernement, dans des secteurs aussi variés que l’espace, la défense, ou les transports. Une stratégie bien rodée : influencer là où l’argent public circule. Car derrière l’image du visionnaire, Musk est un homme d’affaires redoutable. SpaceX a déjà engrangé 15 milliards de dollars de contrats publics depuis sa création. Avec Trump, il espère plus encore
C’est d’ailleurs un investissement qui commence à porter ses fruits. Musk a injecté 200 millions de dollars dans la campagne de Trump. Résultat ? En quatre jours, Tesla prend 32 % en Bourse, gonflant la fortune de Musk de près de 50 milliards de dollars. Un retour sur investissement éclatant. Et ce n’est pas tout : Bitcoin, Dogecoin, toutes les cryptomonnaies que Musk adore manipuler connaissent des hausses vertigineuses. Le marché a compris le message : avec Trump, la régulation sera assouplie, et les actifs risqués auront leur heure de gloire.
Une dérégulation à grande échelle
L’arrivée de Trump au pouvoir s’annonce comme un feu vert pour une vague massive de dérégulations. Premier sur la liste : Gary Gensler, le président de la SEC, critiqué par les investisseurs pour ses restrictions sur les cryptomonnaies. Trump a promis son éviction dès le premier jour. Les spéculateurs jubilent. Musk aussi. Et il n’est pas seul. Jeff Bezos, autre titan de la tech, se repositionne. Il évite désormais toute opposition frontale avec Trump, allant même jusqu’à neutraliser politiquement son Washington Post. Une stratégie pragmatique qui vise à préserver les intérêts d’Amazon.
Mais tout le monde n’est pas gagnant. Sam Altman, patron d’OpenAI et démocrate affirmé, pourrait être l’un des grands perdants de ce changement de cap. La Silicon Valley se fracture, entre ceux qui s’adaptent et ceux qui résistent.
L’Europe dans l’angle mort
Pendant ce temps, l’Europe regarde ce nouveau tournant avec un mélange de scepticisme et d’inquiétude. Sur l’intelligence artificielle, par exemple, Trump pourrait lever les restrictions sur les grands modèles de langage, laissant les géants américains creuser encore l’écart avec le reste du monde. Musk, qui pousse déjà pour l’installation de micro-réacteurs nucléaires pour alimenter ses data centers, voit grand. L’Europe, elle, reste bloquée sur des régulations complexes qui limitent sa compétitivité.
Dans l’espace, même scénario : SpaceX domine le secteur, et son principal concurrent, Blue Origin de Jeff Bezos, est à la traîne. Aux États-Unis, personne ne veut d’un monopole, mais tout le monde veut que les contrats restent entre Américains. L’Europe, elle, reste spectatrice.
Et maintenant ?
Pour Elon Musk, le cap est clair : il veut maximiser les opportunités offertes par une administration Trump, qu’il voit comme un accélérateur de ses ambitions. Mais cette stratégie comporte des risques. Une lune de miel politique n’est jamais éternelle, surtout avec deux égos aussi imposants. Si Trump décide que Musk devient trop influent, la dynamique pourrait vite changer.
Pour l’instant, chacun y trouve son compte. Musk engrange des milliards et prépare ses projets futuristes. Trump consolide son pouvoir en s’entourant d’alliés solides et très riches. Mais pour les institutions, la démocratie, et même l’économie mondiale, ces alliances posent des questions fondamentales. Jusqu’où peut-on laisser l’intérêt privé dicter les politiques publiques ? Et qui, au final, paiera la facture ?