C’est le livre qu’une génération entière, entrepreneurs ou non, devrait lire. Oui, il a de quoi agacer ceux qui préféreraient un monde bien rangé. Niel, lui, dézingue allègrement tout ce qui sent la vieille France endormie. Il s’attaque même à l’affaire Casino avec un sens de la formule qui lui est propre, taillant des costards à qui de droit, dont un certain Daniel Kretinsky, qui en prend pour son grade.
Le parcours de ce « petit gars de Créteil », qui a démarré avec un PC dans un pavillon de banlieue, est tout aussi contagieux que son franc-parler. Coder à quinze ans ? Bien sûr. Passer en prison ? Un petit contretemps, vite réglé. Désormais président du fonds New Wave F, Niel déborde d’optimisme et prêche l’innovation comme d’autres prêchent la bonne parole, croyant dur comme fer qu’il y a une solution à tout – même quand d’autres voient des problèmes insurmontables.
Évidemment, ce n’est pas le cas pour tout le monde, dans cette France qui parle d’assistanat et de retraite plus souvent que de risque et de liberté. Pour Niel, ce n’est pas le diplôme ou l’origine qui compte, mais l’envie de se libérer des conventions et des compromis.
Quant au capitalisme français, Niel, qui n’a pas son pareil pour lâcher une « petite bombe », en profite pour déplorer le dossier Casino, un véritable soap opéra d’arrangements dans les coulisses. « C’est la France d’un autre temps », lâche-t-il, visiblement écoeuré. Pour lui, ce qui se passe autour de Casino ressemble davantage à une série B qu’à un modèle économique viable : compromissions, millions qui changent de mains, promesses vagues aux créanciers, le tout sur fond de licenciements imminents. C’est trop pour ce chevalier blanc de l’entrepreneuriat, qui, entre deux critiques bien senties, réclame aussi « la transparence des algorithmes des réseaux sociaux ».
En somme, Niel est bien ce que l’on appelle une sacrée bouffée d’air frais – l’anti-héros du capitalisme à la française, qui n’a besoin ni de l’attirail d’un Bernard Tapie, ni des frasques d’un Elon Musk pour secouer les choses. Avec un style aussi unique que son parcours, il en fait un spectacle à lui tout seul.
