Avec ChatGPT Search, l’entreprise opte pour une approche hybride, mêlant les puissances de l’intelligence artificielle générative aux fondements d’un moteur de recherche classique, bouleversant ainsi un marché pourtant déjà très consolidé.
Si le marché anticipait un produit distinct, surnommé SearchGPT, la décision d’OpenAI d’intégrer directement cette nouvelle fonctionnalité dans la plateforme ChatGPT, qui compte désormais plus de 200 millions d’utilisateurs actifs, témoigne d’une vision de convergence : plutôt qu’un service de recherche isolé, ChatGPT Search se présente comme un assistant intelligent capable de puiser dans le Web pour contextualiser et enrichir les réponses. Un virage subtil mais stratégique, que l’on pourrait qualifier de “Google avec des nuances”.
Ambition encore balbutiante
Le choix d’OpenAI de limiter ChatGPT Search aux abonnés payants et aux utilisateurs inscrits à la liste d’attente est à la fois tactique et prudent. En se positionnant comme un service premium, la start-up cherche à capter les utilisateurs les plus investis tout en testant l’efficacité d’un modèle de recherche où l’IA devient un prisme d’interprétation. Contrairement aux moteurs de recherche traditionnels qui se contentent de lister des liens, ChatGPT Search promet de livrer des réponses structurées, fondées sur des sources fiables, mais c’est là que réside la complexité du pari.
À l’heure où les critiques pleuvent sur la véracité et la fiabilité des informations fournies par les chatbots, ChatGPT Search tente de répondre à la principale inquiétude des utilisateurs : peut-on se fier à une IA pour interpréter et synthétiser l’information sans s’égarer dans des interprétations erronées ?
Si le modèle probabiliste de ChatGPT a montré ses limites, la structure de ChatGPT Search suggère une alternative qui s’appuie davantage sur des sources vérifiées et un processus de sélection algorithmique. Les premiers tests montrent cependant des résultats mitigés, et pour l’heure, il semble que l’équilibre entre contextualisation et précision reste difficile à atteindre.
Nouvel équilibre
ChatGPT Search ne fait pas que répondre aux requêtes ; il tente de réconcilier l’IA avec les éditeurs de contenus, en particulier les médias d’information qui craignent de voir leurs contenus aspirés sans contrepartie. OpenAI semble avoir pris des leçons des controverses précédentes, notamment des procès en cours entre NewsCorp et Perplexity AI ou encore entre le New York Times et Microsoft.
En introduisant un volet spécifiquement dédié à la valorisation des sources et des éditeurs, ChatGPT Search mise sur une nouvelle forme de partenariat. Mais cette vision idyllique masque une réalité plus complexe : dans quelle mesure les médias peuvent-ils vraiment tirer parti d’une IA qui, par nature, réduit le besoin de parcourir directement les articles en ligne ?
Pour l’instant, Google reste en position de force, disposant de parts de marché dominantes et des atouts stratégiques de ses infrastructures avec Chrome et Android. ChatGPT Search représente une alternative sérieuse mais reste confronté à un défi fondamental : l’accès direct aux utilisateurs. Conscient de cette barrière, OpenAI a rapidement lancé une extension Chrome pour positionner ChatGPT Search comme moteur de recherche par défaut. Un mouvement judicieux qui, bien qu’audacieux, souligne la réalité actuelle de la concurrence : il ne suffit pas d’innover ; il faut savoir s’imposer sur les portails numériques qui rythment l’écosystème du Web.