Amazon : un virage risqué vers le nucléaire

Amazon, le géant du commerce en ligne, est aujourd'hui confronté à une réalité brute : ses centres de données, symboles d’une économie numérique en constante expansion, dévorent toujours plus d'énergie. Pour

satisfaire cette demande tout en prétendant agir en faveur du climat, l’entreprise a trouvé une solution pour le moins surprenante : les réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Ce choix n’est pas anodin. Alors que le monde cherche à se libérer des énergies fossiles, Amazon opte pour une technologie controversée, à la fois coûteuse et potentiellement dangereuse.

Une dépendance énergétique insoutenable

Les centres de données d’Amazon, qui alimentent les services cloud d’une grande partie de l’économie numérique mondiale, tournent à plein régime, jour et nuit. Derrière les services « invisibles » que nous utilisons au quotidien, se cache une infrastructure colossale, gourmande en électricité.

Selon le ministère américain de l’Énergie, la consommation électrique de ces infrastructures pourrait bientôt atteindre 9 % de la production totale d’électricité aux États-Unis. Et ce n’est qu’un début. La véritable question est : à quel prix Amazon satisfait-il ses besoins énergétiques colossaux ?

Les SMR, ou comment verdir une technologie nucléaire

Amazon voudrait nous faire croire que l’énergie nucléaire, même en version « modulaire », est une réponse propre aux défis climatiques. Mais ne soyons pas dupes. Les réacteurs nucléaires, aussi petits soient-ils, n’échappent pas aux critiques de fond : coût de construction exorbitant, déchets radioactifs ingérables, et surtout, une industrie à l’histoire marquée par des catastrophes que personne n’a oubliées. Les SMR sont vendus comme des solutions « sur mesure », mais il s’agit surtout d’une tentative de faire passer une vieille technologie pour une innovation verte.

En s’associant avec la startup X-Energy, Amazon s’apprête à investir 500 millions d’euros dans quatre réacteurs SMR dans l’État de Washington, en promettant une énergie « décarbonée » pour ses centres de données. Derrière ce discours, une réalité s’impose : l’entreprise se tourne vers une énergie risquée pour maintenir ses profits, tout en continuant à exploiter nos ressources naturelles à grande échelle.

Les partisans du nucléaire nous disent que c’est une technologie sans carbone. Mais ce qu’ils omettent de mentionner, ce sont les problèmes systémiques qui continuent de rendre cette énergie problématique. La production de déchets nucléaires, dont on ne sait toujours pas quoi faire à long terme, est l’un des nombreux défis. La construction même de ces infrastructures consomme des ressources colossales. Et que dire des risques de catastrophes, que l’on tente d’effacer de notre mémoire collective ?

Matt Garman, directeur général d’Amazon Web Services, n’hésite pas à affirmer : « L’un des moyens les plus rapides de lutter contre le changement climatique est de faire évoluer notre société vers des sources d’énergie sans carbone ». Mais s’engager dans le nucléaire, c’est jouer à un jeu dangereux, un jeu où les gagnants sont les géants de l’énergie et de la technologie, tandis que le public en paie les conséquences environnementales.

Un pari financier à haut risque

En plus des enjeux écologiques, la viabilité économique des SMR est loin d’être garantie. NuScale Power, une autre entreprise pionnière des réacteurs modulaires, a récemment vu ses projets échouer à cause de la hausse incontrôlée des coûts. Le nucléaire est-il vraiment l’option la plus sûre et la plus rentable ? Ou est-ce une manière pour Amazon de dissimuler son appétit vorace en énergie sous un vernis de responsabilité climatique ?

Le véritable défi : réduire la consommation énergétique

Plutôt que de chercher des solutions technologiques à des problèmes qu’elle a elle-même créés, Amazon ferait bien de repenser son modèle énergétique. Une entreprise qui se veut leader dans la lutte contre le changement climatique ne devrait pas chercher à maximiser sa consommation d’énergie tout en investissant dans des technologies qui perpétuent les risques environnementaux. Il est temps de poser une vraie question : et si la solution n’était pas dans plus de production énergétique, mais dans la réduction de la demande ?


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