Une logistique repensée pour un café plus propre. Mi-octobre, le port du Havre a vu accoster l’Anemos, le plus grand voilier-cargo du monde, avec à son bord plusieurs tonnes de café colombien. Un geste symbolique mais surtout une action concrète pour Javry, qui poursuit ainsi sa stratégie de décarbonation. Contrairement aux porte-conteneurs traditionnels qui asphyxient nos océans, ces voiliers-cargos permettent de réduire de 90 % les émissions de CO2. “La planète n’a plus le luxe de continuer avec les modèles actuels,” affirme Maxence Lacroix, convaincu que ces initiatives doivent devenir la norme, pas l’exception.
Vers une révolution logistique. Depuis sa première tentative en 2019 avec une goélette du 19ème siècle, Javry a clairement pris de l’élan. En 2025, quatre autres cargaisons à la voile sont prévues, portant à 25 % la part de café importé par ce mode de transport écologique. “Ce n’est qu’un début”, promet Lacroix. Certes, l’importation par voilier-cargo coûte encore deux fois plus cher qu’un trajet avec un porte-conteneurs classique, mais Javry compense cette différence en limitant au maximum les intermédiaires, garantissant ainsi une chaîne d’approvisionnement plus directe et équitable. Le caféiculteur et Javry, rien de plus.
Défendre un modèle éthique, de la plantation à la tasse. Le combat pour un café responsable ne commence pas seulement en mer. Il se joue bien avant, directement dans les plantations colombiennes. Loin des pratiques industrielles agressives, Javry soutient un modèle de production artisanal, respectueux des travailleurs et des écosystèmes locaux. « On ne peut pas parler de décarbonation sans respecter ceux qui cultivent le café, » insiste Lacroix. Là où Starbucks et Nespresso inondent les marchés de capsules uniformes, Javry prône la transparence, la traçabilité et une qualité artisanale.
Une entreprise à contre-courant des multinationales. Depuis sa reprise en main en 2015, alors que la PME belge ne générait que 1 000 euros de revenus mensuels, Maxence Lacroix a façonné Javry comme l’anti-Starbucks, l’anti-Nespresso. Non pas par posture, mais par nécessité. « Les modèles et les idéologies sont très différents, » reconnaît-il. Pour lui, l’écologie n’est pas un simple argument marketing : c’est une promesse de réinvention du commerce. En 2024, l’entreprise vise un chiffre d’affaires de 3 millions d’euros, principalement en Belgique et en France. Une réussite modeste mais qui prouve qu’il est possible de prospérer sans écraser la planète sous une empreinte carbone gigantesque.
Une décarbonation nécessaire et ambitieuse. L’initiative de Javry pourrait bien inspirer d’autres PME et ouvrir la voie à une logistique plus propre et plus responsable. “C’est un défi énorme, mais il est incontournable,” martèle Maxence Lacroix. Et pour cause : alors que le réchauffement climatique s’accélère, la nécessité de repenser nos modes de consommation devient de plus en plus pressante. Javry démontre qu’il est possible de naviguer autrement, d’importer différemment et surtout, de consommer avec plus de conscience.
Laura Picard