La croissance des crédits alloués aux entreprises françaises atteint ainsi 1,8 % en juillet dernier, un chiffre qui dépasse largement la moyenne de la zone euro, stagnante à 0,2 %. Cette performance est en partie due aux taux d’intérêt plus attractifs offerts en France : 4,40 % en moyenne pour les nouvelles lignes de crédit, contre 5,16 % ailleurs en Europe.
Cependant, derrière ces bons chiffres, plusieurs signaux d’alerte émergent. Les carnets de commandes, notamment dans les secteurs clés comme l’industrie et le bâtiment, affichent une nette contraction ces derniers mois. De surcroît, les délais de paiement se détériorent, révélant des tensions croissantes sur les flux de trésorerie des entreprises. Cette situation s’accompagne d’une hausse des défaillances d’entreprises, avec 63 095 cas enregistrés sur un an à fin juillet 2024, un chiffre supérieur à la moyenne d’avant la pandémie.
Les PME : un accès encore préservé au crédit
Malgré ces turbulences, l’accès au crédit reste relativement favorable pour les petites et moyennes entreprises (PME). En juillet 2024, pas moins de 1,367 milliard d’euros ont été mobilisés à leur profit, marquant une augmentation de 65 % en dix ans. Environ la moitié de ces financements sont directement dirigés vers les PME, soulignant leur importance dans l’économie française. Les très petites entreprises (TPE), quant à elles, bénéficient d’un taux d’obtention des crédits d’investissement exceptionnel, avec près de 93 % de demandes satisfaites au premier trimestre 2024, un record en Europe.
Des nuages à l’horizon : la mise en œuvre de Bâle III
Toutefois, le secteur se prépare à faire face à de nouvelles contraintes avec l’entrée en vigueur de la réglementation Bâle III dès janvier 2025. Cette réforme exigera des banques européennes, y compris françaises, de renforcer leurs fonds propres de l’ordre de 22 %. Un renforcement qui pourrait freiner les volumes de crédit accordés et augmenter les coûts de financement, en particulier pour les entreprises non notées et les secteurs nécessitant des financements spécialisés.
Les banques françaises, fortement impliquées dans le financement des entreprises, s’inquiètent des répercussions potentielles sur leur modèle de financement. En effet, ce modèle repose largement sur des crédits à taux fixes et des garanties solides, des caractéristiques qui pourraient être remises en question par les nouvelles régulations. Le défi pour le secteur bancaire sera donc d’ajuster ses pratiques tout en maintenant son soutien au tissu économique français.
Julien Decourt