Selon la Banque de France, les retards de paiement représentaient 19 milliards d’euros de trésorerie en moins pour les PME en 2021. En 2022, ce chiffre a légèrement diminué à 18,5 milliards d’euros, mais reste préoccupant. « Ces retards de paiement constituent un véritable frein à l’investissement et à l’innovation pour nos PME », souligne François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France.
L’impact se fait sentir à l’échelle macroéconomique. D’après une étude de l’INSEE publiée en mars 2023, les retards de paiement freineraient la croissance du PIB français de 0,2 point par an en moyenne.
Face à ce constat, l’État a intensifié ses efforts. La DGCCRF a renforcé ses contrôles : en 2022, elle a inspecté 1 215 établissements (+12% par rapport à 2021) et prononcé 228 amendes pour un montant total de 32,7 millions d’euros.
Secteurs les plus touchés et disparités régionales
Les retards de paiement varient considérablement selon les secteurs et les régions. D’après l’Observatoire des délais de paiement :
Secteur | Délai moyen de paiement (jours) |
---|---|
Construction | 54,3 |
Services aux entreprises | 49,8 |
Industrie manufacturière | 45,2 |
Commerce | 38,6 |
Au niveau régional, l’Île-de-France affiche les délais les plus longs (46,5 jours), tandis que la Bretagne présente les meilleurs résultats (37,2 jours).
Comparaison européenne et harmonisation
Dans le contexte européen, la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne. Selon le dernier rapport de la Commission européenne publié en février 2023, le délai moyen de paiement dans l’UE était de 33,2 jours en 2022.
Pays | Délai moyen de paiement (jours) |
---|---|
Italie | 49,5 |
France | 42,7 |
Allemagne | 31,8 |
Pays-Bas | 29,4 |
La blockchain et l’intelligence artificielle sont de plus en plus utilisées pour automatiser et sécuriser les processus de facturation et de paiement. Le plan France 2030 prévoit d’investir 500 millions d’euros dans la digitalisation des PME, dont une partie significative sera consacrée à l’optimisation des processus de facturation et de paiement.
L’enjeu est de taille : selon une étude de l’OCDE publiée en juillet 2023, une réduction des délais de paiement à 30 jours pourrait augmenter l’investissement des PME françaises de 6% et créer jusqu’à 100 000 emplois sur cinq ans.