Pierre-Édouard Stérin : portrait d’un milliardaire en croisade

Pierre-Édouard Stérin, milliardaire discret et ambitieux, rêve de façonner la France à son image. De Smartbox aux médias, portrait d'un homme d'affaires devenu croisé des idées conservatrices.

L’aube pointe à peine sur Uccle, commune cossue de la périphérie bruxelloise. Pierre-Édouard Stérin (50 ans, regard vif, sourire discret) s’apprête à quitter sa villa pour un nouveau jour de conquête médiatique. L’exilé fiscal, 104e fortune de France, a troqué le confort normand pour les avantages fiscaux belges. Mais son cœur, lui, bat toujours au rythme des ambitions hexagonales.

Dans son bureau (boiseries sombres, fauteuils en cuir, vue sur un jardin impeccable), Stérin contemple l’empire qu’il a bâti. Smartbox, sa création de 2003, trône en bonne place sur une étagère. Vingt ans de labeur acharné condensés dans un coffret-cadeau. « J’ai bossé comme un chien », confie-t-il, la voix teintée d’une fierté provinciale. Le petit gars d’Évreux a fait du chemin.

Smartbox le propulse dans la cour des grands

L’histoire de sa fortune est celle d’un self-made-man obstiné. Diplômé de la Sorbonne et de l’EMLyon, Stérin débute chez Société Générale avant de se lancer dans l’entrepreneuriat. Black Orange, son premier succès dans la distribution de logiciels, lui sert de tremplin. Mais c’est Smartbox qui le propulse dans la cour des grands.

L’entreprise, devenue leader européen des coffrets cadeaux, génère un chiffre d’affaires annuel estimé à 365 millions d’euros.En 2009, fort de ce succès, il crée Otium Capital. Le fonds d’investissement, qui gère aujourd’hui plus d’1,2 milliard d’euros d’actifs, fait de lui l’un des business angels les plus actifs de l’Hexagone. La Fourchette (revendue à TripAdvisor), Payfit, Owkin : autant de pépites qui ont gonflé son patrimoine, aujourd’hui estimé à 1,4 milliard d’euros.Mais le milliardaire catholique ne se contente plus de faire fructifier sa fortune.

2027 en ligne de mire

Sur son bureau, une pile de dossiers estampillés « Projet Périclès ». 150 millions d’euros sur dix ans pour façonner une nouvelle élite conservatrice. Think tanks, formation de candidats, réseau médiatique : l’ambition est totale. « La France a besoin d’un électrochoc », martèle-t-il à ses interlocuteurs.

Stérin sort. Direction Paris, où il rencontre les principales figures de la droite française. On parle stratégie, on évoque 2027.

Le milliardaire catholique rêve de peser sur la prochaine présidentielle. Son réseau s’étend, tentaculaire : ici le groupe Marmeladz (agence d’influenceurs web), là le média en ligne Factuel (ligne éditoriale marquée à droite).

Minuit sonne. Stérin regagne son hôtel particulier parisien. Demain, peut-être, son nom s’étalera en une des journaux. En attendant, dans l’ombre, il poursuit sa croisade. La bataille culturelle ne fait que commencer. Et lui, Pierre-Édouard Stérin, entend bien en être le général en chef, armé de ses milliards et de ses convictions.

Julien Decourt


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