Au soir et au lendemain du premier tour des élections législatives, le Nouveau Front Populaire (NFP) ne peut envisager de majorité absolue et a fortiori le mouvement « Ensemble », figure de proue d’une ex-« majorité », qu’il soit seul ou avec d’autres. En l’absence de claire majorité, ce dernier mouvement se retrouverait dès lors à l’Assemblée nationale dans une nouvelle configuration de majorité relative, mais dans une position nettement diminuée et soumis à la gauche, y compris la plus extrême.
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Dès lors, déclarer que l’objectif principal est d’empêcher à tout prix le Rassemblement National d’obtenir une majorité absolue de sièges (NB: est-ce aussi la position d’Horizons ou du Parti Les Républicains ?) consiste à faire, dans la pratique, le pari de l’instabilité du pays.
L’objectif du barrage à tout prix du Rassemblement National – à défaut d’une cohabitation subie avec ce dernier, fût-elle conflictuelle – pourrait finir par acculer le Président de la République à la démission et à une élection présidentielle anticipée. C’est ce que Marine Le Pen avait indiqué, ces derniers jours, tout en précisant qu’elle ne la demandait pas formellement, mais que cela pourrait s’avérer la seule issue politique. Dans l’immédiat, sa formation pourrait trouver avantage, dans la perspective du second tour des élections législatives, voire au-delà, à développer auprès des électeurs l’argumentation du risque de l’instabilité.
En écartant a priori une éventuelle démission, le seul objectif réaliste ultime d’un Président de la République nettement diminué, ne serait-il que négatif (sauf à imaginer que la gauche puisse encore être bienfaisante pour le pays et à croire véritablement au concept du « Front républicain ») ? La volatilité et l’instabilité seraient-elles préférable à la cohabitation ? La destruction serait- elle créatrice comme dans la pensée de certains économistes ? Ou plutôt s’agit-il plutôt finalement, hors de tout projet collectif, de nuire avant tout en croyant sauver la face ?
Patrick Pascal
Ancien ambassadeur
