Atos : la carte maîtresse de Kretinsky

Alors que le géant français de l'informatique semblait avoir trouvé une issue à sa crise financière, le consortium mené par David Layani, PDG de Onepoint, s'est retiré des négociations. Ce revirement relance les spéculations sur l'avenir d'Atos, qui pourrait tomber dans l'escarcelle de magnat tchèque Daniel Kretinsky.

Le 11 juin dernier, Atos avait choisi l’offre du consortium Onepoint (Onepoint, Butler Industries et Econocom) pour assurer sa restructuration financière. Cette décision semblait marquer la fin d’une longue période d’instabilité pour le groupe, lourdement endetté à hauteur de 4,8 milliards d’euros. Moins de trois semaines plus tard, Onepoint fait volte-face, estimant que « les conditions n’étaient pas réunies pour conclure un accord ».

Ce retrait soudain serait dû à de nouveaux besoins de financement qui auraient émergé depuis le choix initial des créanciers d’Atos. Face à ces exigences supplémentaires, ces auraient opposé une fin de non-recevoir, poussant David Layani et ses partenaires à abandonner le projet. Cette décision met en lumière la complexité de la situation financière d’Atos et les défis considérables que représente son redressement.

Le projet de Kretinsky amendé ?

Dans ce contexte, un acteur écarté il y a quelques semaines refait surface : Daniel Kretinsky. Le milliardaire tchèque, dont l’offre avait été initialement rejetée, a réitéré son intérêt pour participer à la restructuration financière d’Atos. Cette fois-ci, Kretinsky se présente seul, sans son ancien partenaire le fonds Attestor, et propose une approche différente. Il se dit prêt à laisser les créanciers bancaires et obligataires injecter des fonds propres et monter jusqu’à 49 % du capital, contre seulement 1 % dans sa proposition initiale.

Parallèlement, Atos a reçu une nouvelle proposition de restructuration financière de la part de ses créanciers obligataires. Cette offre vise à répondre aux besoins de liquidités à court et moyen terme du groupe. Des discussions sont en cours, y compris avec certaines banques d’Atos, et un accord de principe pourrait être conclu dans les prochains jours. Face à cette situation, l’État français reste vigilant. Bercy a confirmé que les actifs souverains d’Atos, notamment dans le domaine de la cybersécurité et des supercalculateurs, restent protégés par une « Golden Share ». L’opération de rachat de ces activités stratégiques par l’État, en partenariat avec des industriels, se poursuit comme prévu.

Atos, partenaire des JO 2024

Le temps presse pour Atos. Le groupe envisage de conclure un accord de « lock-up » avec ses créanciers dans la semaine du 8 juillet, suivi d’un accord définitif de restructuration financière via une procédure accélérée à partir du 22 juillet. L’issue de ce feuilleton reste incertaine, mais une chose est sûre : l’avenir d’Atos, pilier technologique des JO de Paris 2024 et acteur clé de la souveraineté numérique française, est en jeu. Les prochaines semaines seront décisives pour le groupe et ses 100 000 salariés.


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