Guillaume Delory (Done) : « Les entreprises doivent donner leurs surstocks plutôt que les détruire ! »

En France, nombreuses sont les entreprises qui jettent encore leurs surstocks, faute d’une alternative meilleure. Cette pratique, profondément ancrée dans leur culture, a été encouragée pendant de nombreuses années par les avantages de la récupération de la TVA sur les produits détruits. Cependant, la situation commence à s’améliorer grâce à la loi AGEC et à l’effort des acteurs engagés en faveur de cette transition. Néanmoins, la bataille n’est pas encore gagnée ! Trop de surstocks sont encore détruits par les entreprises.

Une méconnaissance du monde associatif

Historiquement, deux mondes se font face. Les entreprises engagées dans des économies de profit, qui préfèrent détruire leurs excédents plutôt que les donner, et les associations. Entre eux, il n’y avait pas de « ponts » pour faciliter un écosystème vertueux basé sur la redistribution des invendus. La seconde vie des produits n’existait pas il y a 6 ans. Les entreprises ne voulaient pas retrouver leurs produits chez des déstockeurs, pensant à tort, qu’en donnant leurs surstocks, elles seraient perçues comme économiquement instables. Pour que les entreprises puissent donner en toute sérénité, il faut que les conditions soient réunies.

Une prise de conscience collective

Le changement a été déclenché par les attentes du public et les employés des entreprises. Pour eux, la destruction de produits est devenue inacceptable. Il y a de nombreuses histoires liées à des prises de conscience de collaborateurs. Par exemple, des milliers de cafetières qui avaient été détruites parce qu’elles étaient livrées avec des capsules de café arrivées à péremption. Heureusement, ces situations sont de moins en moins fréquentes, car notre modèle de consommation a changé, modifiant directement le comportement des professionnels.

La loi AGEC, un accélérateur pour le don d’entreprise

La destruction des excédents était favorisée par un principe de récupération de la TVA. La loi AGEC a favorisé le don en permettant aux entreprises de récupérer une réduction d’impôts de 60% de la valeur du don. En considérant que la destruction des invendus est la dernière étape à envisager par les entreprises, la loi a joué un rôle d’accélérateur et a permis d’amorcer « le réflexe » du don.

Un besoin réel face à une pauvreté en croissance

Le don à des associations est un transfert de richesse bénéfique. Les entreprises minimisent leurs pertes et les associations peuvent accompagner des populations précaires. Depuis la COVID, le besoin de ces associations n’a cessé d’augmenter. Pour l’Observatoire des Inégalités, la France compte 5,3 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté si l’on fixe le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian et 9,1 millions si l’on utilise le seuil de 60 %.

Donner plutôt que détruire, tout reste à faire

Toutefois, le don n’est pas encore intégré dans la culture de toutes les entreprises. On estime que plus des deux tiers des surstocks sont encore détruits. Les grandes entreprises ont en partie fait la transition, mais les PME sont encore réticentes à donner. Beaucoup de PME pensent que leurs stocks ne trouveront pas preneurs. Pourtant, il existe de nombreux intervenants associatifs avec un grand besoin de dons. Chaque invendu peut aider une personne dans le besoin. Ce constat doit être au cœur de la prise de conscience des entreprises. Les intermédiaires qui facilitent l’organisation de dons sont le pivot de ce nouvel écosystème. Ils facilitent cette démarche et permettent aux entreprises de s’engager pleinement dans cette démarche.

Guillaume Delory
CTO et cofondateur de Done

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