Défense : carton plein pour la pépite française Eurenco

Le spécialiste français des explosifs enregistre une croissance record, portée par la guerre en Ukraine.

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En matière de défense, les chiffres ne mentent jamais. En 2025, Eurenco, spécialiste français des poudres et explosifs, affiche une croissance que seuls les conflits permettent d’atteindre. Le groupe, propriété du groupe étatique Nexter KNDS, a vu sa trajectoire se redessiner à grande vitesse sous la pression d’un marché bousculé par la guerre en Ukraine.

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Le conflit a mis les chaînes d’approvisionnement sous tension et transformé des PME de l’armement en maillons stratégiques. Eurenco en est l’exemple parfait. L’entreprise a dû réagir vite. Très vite. Sur son site de Sorgues, dans le Vaucluse, les lignes de production tournent désormais en continu. L’usine, qui emploie 435 salariés sur un terrain de 200 hectares, fabrique notamment de la nitrocellulose, un ingrédient indispensable dans les explosifs modernes. La production va plus que doubler, passant de 600 à 1 300 tonnes d’ici 2028. Coût de l’opération : 100 millions d’euros.

Des usines sous pression dans toute l’Europe

Mais ce n’est qu’un morceau du puzzle. Le plan industriel d’Eurenco dépasse les frontières françaises. Le groupe a engagé 650 millions d’euros d’investissements sur la période 2024-2026 pour moderniser et étendre ses capacités en France, en Suède (Karlskoga), en Belgique (Clermont) et à Bergerac. Objectif affiché : suivre la courbe de la demande, notamment celle des États européens, désormais pressés d’assurer leur autonomie stratégique.
Les chiffres de l’emploi confirment l’ampleur du mouvement. En six ans, les effectifs ont bondi de 900 à 1 700 salariés. Le groupe recrute à tous les niveaux, dans un secteur où les compétences se raréfient aussi vite que les munitions sur les lignes de front.

Des contrats jusqu’en 2040 pour sécuriser la cadence

L’essor d’Eurenco s’appuie aussi sur un carnet de commandes solide. Des contrats longs sécurisent les perspectives industrielles. Saab, le groupe suédois, a ainsi signé un accord de fourniture courant jusqu’en 2040. Une visibilité rare dans une industrie marquée par les cycles et les incertitudes politiques.

Le résultat est là : Eurenco prévoit de doubler son chiffre d’affaires et vise le cap du milliard d’euros avant 2030. Une progression d’autant plus spectaculaire qu’elle s’appuie moins sur des gains de productivité que sur un changement brutal d’échelle. Quand les canons tonnent, l’industrie suit.



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