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Les marchés n’aiment pas les surprises. Encore moins quand elles viennent remettre en question une dynamique qui paraissait solidement installée. Ce lundi 29 décembre, l’ensemble des valeurs européennes de défense ont reculé en Bourse, dans le sillage d’une déclaration inattendue de Donald Trump sur la situation en Ukraine.
L’ancien président américain, qui a rencontré la veille Volodymyr Zelensky à Varsovie avant de s’entretenir au téléphone avec Vladimir Poutine, a déclaré se sentir « très proche d’un accord » pour mettre fin au conflit ukrainien. Le message, relayé par Reuters, a suffi à provoquer un coup de froid immédiat sur les marchés. Depuis deux ans, l’économie de guerre nourrit les carnets de commandes des industriels de la défense. L’hypothèse d’un cessez-le-feu, même lointaine, vient gripper une mécanique bien huilée.
Ventes massives dans le compartiment défense
Dès l’ouverture, les investisseurs ont coupé leurs positions sur un secteur jusqu’ici porté par les réarmements à marche forcée. À Paris, Thales signe la plus forte baisse du CAC 40 avec un recul de 1,5 % en fin de matinée. Dassault Aviation, autre pilier du secteur, cède 0,8 %. La correction s’étend au-delà des frontières françaises.
À Francfort, Rheinmetall, symbole du renouveau militaire allemand, lâche 2,4 %, après avoir plongé de plus de 3 % en séance. Renk recule de 1,7 %, Hensoldt de 2 %. Même scénario à Londres, où BAE Systems abandonne 1,4 %, et surtout à Milan, où Leonardo décroche de 3,7 %, la plus forte baisse enregistrée parmi les grands groupes européens.
La paix n’arrange pas tout le monde
Ces réactions illustrent un paradoxe devenu structurel : quand l’espoir d’un apaisement gagne du terrain, ce sont les valeurs militaires qui reculent. Depuis l’invasion de février 2022, l’industrie de défense européenne a vu ses perspectives transformées par les engagements budgétaires des États. L’idée d’une paix négociée, même sans calendrier, suffit désormais à déclencher des prises de bénéfices. Le marché anticipe déjà une inflexion des commandes, ou du moins une fin de cycle.
La chute de ces titres rappelle que les Bourses européennes sont devenues, malgré elles, un baromètre des tensions internationales. Un mot, une rencontre, un frémissement diplomatique : il n’en faut pas plus pour faire vaciller des valeurs devenues sensibles à chaque inflexion du climat stratégique. La paix, elle aussi, a un prix.


