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À Dubaï, battre des records n’est plus un objectif. C’est un effet secondaire. La Ciel Tower, dernier ajout à la forêt verticale de Dubai Marina, s’élève à 377 mètres. Ce n’était pas prévu. Le promoteur, The First Group, voulait marquer les esprits, pas les classements. Mais révision après révision, la tour a grandi. Jusqu’au moment où l’architecte Yahya Jan s’est rendu compte qu’elle dépassait le Gevora Hotel, ex-détenteur du titre mondial.
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Un terrain minuscule, une tour gigantesque
C’est un paradoxe local. La Ciel Tower pousse sur un terrain de 3 600 m². Une anomalie dans une ville habituée aux formats XXL. Ici, tout est dans la hauteur. Pas le choix : il a fallu comprimer les circulations, empiler les fonctions, et ciseler le moindre mètre carré. Le hall d’entrée, loin des volumes démesurés habituels, affiche des courbes maîtrisées, des lumières contenues. Un espace plus feutré que spectaculaire.
Les chambres vont à l’essentiel : lignes pures, matériaux sobres, tons discrets. Le luxe se déplace ailleurs. Dans les vues. À chaque étage, une façade tournée vers le large, qui encadre Palm Jumeirah ou le golfe Persique. Une stratégie à rebours des suites démesurées : ici, c’est le panorama qui fait office de prestige.
Le vent, la lumière, la verdure
À 377 mètres, l’air pousse fort. Pour résister, la tour s’ouvre. Littéralement. En son centre, une cavité verticale, surnommée « eye of the needle », canalise les flux. L’air passe à travers la structure, au lieu de la contourner. Moins de pression, moins de vibrations. Une solution discrète, presque élégante.
Tous les six à huit étages, la rigueur cède la place à des atriums végétalisés. Douze au total. Des lieux hybrides, entre salons d’attente, espaces bien-être et terrasses de restaurant. Ils servent aussi à faire respirer le bâtiment. L’air circule, la lumière aussi. Le vitrage intelligent module la chaleur. L’argument écologique se niche dans ces interstices.
En haut, les mètres carrés redeviennent spectaculaires. Trois restaurants de la marque britannique Tattu occupent les étages supérieurs. Le House of Dragon au 74e, le House of Koi autour de la piscine du 76e, et le House of Phoenix au 81e. Au centre, la Skypool, incrustée dans la cavité, donne l’illusion de flotter à ciel ouvert.
Yahya Jan parle de « nouvelle phase du gratte-ciel ». Moins de démesure, plus de finesse. La hauteur devient une contrainte créative, pas seulement un marqueur de pouvoir. La Ciel Tower ne cherche pas à écraser, mais à s’inscrire. Pour quelques mois, peut-être. Le prochain record est probablement déjà en chantier.


