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Brigitte Bardot est morte, et avec elle, un pan entier de l’histoire du cinéma français bascule dans la mémoire. La nouvelle est tombée le 28 décembre 2025, par un communiqué de sa Fondation. Retirée depuis un demi-siècle à La Madrague, sa villa de Saint-Tropez, elle aura traversé son époque comme une onde de choc. Une actrice de vingt films seulement, mais trois d’entre eux suffisent à mesurer la place de Bardot dans notre cinéma.
Et Dieu… créa la femme : le séisme
Un rôle qui scandalise l’époque et lance un mythe mondial
1956. Roger Vadim filme sa femme, Juliette Hardy, une jeune femme trop libre pour les années 50. Le film est un succès mondial, un objet de scandale, une bascule culturelle. Saint-Tropez passe du statut de village de pêcheurs à celui de laboratoire de la société de loisirs. La France découvre qu’on peut filmer le désir sans détour. Les États-Unis censurent certaines scènes, ce qui alimente encore davantage la machine à fantasmes. BB devient une icône planétaire, Vadim un nom qui compte, le cinéma français un exportateur d’images sulfureuses.
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Un tournage brutal, une performance inattendue
1960. Henri-Georges Clouzot convoque Bardot dans le prétoire. Dominique Marceau est jugée pour le meurtre de son amant. L’histoire est tendue, le tournage encore plus. Clouzot multiplie les prises, pousse son actrice à bout. Le résultat est à la hauteur : Bardot, à contre-emploi, livre une performance qui désarme les critiques. Elle se défait du cliché de la jolie poupée pour incarner une femme brisée, révoltée, vulnérable. Le film est un succès critique et public. Il est nommé à l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Bardot elle-même dira que c’est son rôle le plus fort. Il coïncide avec une période personnelle difficile. La frontière entre rôle et réalité s’estompe.
Le Mépris : la désillusion
Godard, Piccoli, Lang : une tragédie du désamour
1963. Jean-Luc Godard, en pleine ascension, tourne à Capri. Bardot y est Camille Javal, épouse d’un scénariste (Michel Piccoli), que tout éloigne peu à peu. Le film est glacé, somptueux, elliptique. La scène d’ouverture – Bardot nue, questionnant son amant sur les parties de son corps qu’il préfère – devient un classique immédiat. Le Mépris est une méditation sur l’usure des sentiments, sur le cinéma lui-même, sur l’impossibilité de continuer à croire aux récits. Lang joue son propre rôle, Godard casse les codes, Bardot incarne cette fin de la légèreté. On est loin de Vadim. Et pourtant, c’est bien la même femme. Plus mûre, plus distante, plus opaque aussi.


