A Montpellier, un lieu unique en France

Un lieu de vie à Montpellier bouscule les normes du vieillissement et propose une nouvelle approche du vivre-ensemble.

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À Montpellier, un immeuble discret dans les quartiers nord abrite un modèle d’habitat qui détonne dans le paysage du grand âge. Ni maison de retraite médicalisée, ni colocation étudiante améliorée. Un lieu hybride, où se croisent centenaires et trentenaires, anciens infirmiers et jeunes en reprise après un accident de vie, étudiants étrangers et personnes en situation de handicap léger. Le tout sous un même toit. Sans blouse blanche, sans badge, sans cloison.

La résidence Anne-Frank aurait pu devenir un Ehpad classique. Elle est aujourd’hui tout l’inverse. L’association Habitat et Humanisme a repris les plans, redéfini le projet, investi les murs, et donné vie à une autre façon de cohabiter. Un collectif discret, mais résolu, y a vu l’occasion d’inventer un autre usage du logement, au service des plus fragiles.

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Etudiants et personnes âgées réunies

À deux pas du parc des sœurs franciscaines du Saint-Esprit, cédée à l’association, le bâtiment accueille depuis un an 62 résidents. Des personnes âgées autonomes pour la plupart, mais pas seulement. Des étudiants y louent des chambres à prix modique – 380 euros – en échange de quelques services. Une présence de nuit, une aide aux repas, une animation. Les plus âgés règlent entre 1350 et 1500 euros, pension complète, ménage, blanchisserie compris.

Le principe n’est pas de soigner, mais de vivre ensemble. Chaque résident aménage sa chambre comme il veut, vient avec son animal, garde son rythme. Les repas sont partagés matin et soir, sans contrainte. Les couloirs sont traversés par des fauteuils roulants, des poussettes, des sacs de cours et des cannes. Certains passent quelques semaines, le temps d’une convalescence ou d’un répit. D’autres s’installent pour longtemps.

Ici, l’entraide n’est pas un principe affiché

Sur place, six salariés font tourner l’ensemble. Une équipe qui accompagne sans imposer. Un kinésithérapeute, installé dans les murs, intervient chaque matin. Le reste repose sur la mécanique du collectif. Ici, l’entraide n’est pas un principe affiché, c’est une habitude prise. Les plus valides aident aux tâches. Les plus jeunes prennent le relais le soir. Et au fil des jours, des liens se nouent, loin des postures et des discours. Les anciens reprennent goût à la ville. Les jeunes trouvent une forme d’ancrage. Certains redécouvrent même une utilité sociale.

À l’origine du projet, Bernard Devert. Ancien promoteur immobilier devenu prêtre, il a fondé Habitat et Humanisme pour contrer les logiques d’exclusion urbaine. Sa vision ne varie pas : pas de ghettos du vieillissement, pas de relégation des précaires. L’habitat doit relier, pas séparer. Il faut ouvrir des lieux de passage, de croisement, d’hospitalité.



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