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Un match annoncé complet. Un stade à moitié vide. Voilà le contraste qui saute aux yeux dès l’ouverture de la Coupe d’Afrique des Nations 2025, organisée au Maroc. Le décor est prêt, les équipes en place, mais il manque l’essentiel : le public. Les images tournent en boucle depuis le 21 décembre, date du coup d’envoi. Et elles embarrassent.
Des places « vendues », des sièges vides
Le Maroc affronte les Comores au stade Prince Moulay Abdellah de Rabat. L’affluence officielle annonce 60 180 spectateurs dans une enceinte qui peut en accueillir 69 000. Sur le papier, la rencontre est quasi à guichets fermés. Dans les faits, plusieurs milliers de sièges restent inoccupés. Le contraste est flagrant, d’autant que les billets étaient introuvables plusieurs jours avant le match. Les réseaux sociaux s’emparent du sujet, les médias relaient les images : la CAN commence sur une dissonance.
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La suite confirme le malaise. L’affluence varie considérablement d’un match à l’autre. Le 22 décembre, le Grand Stade de Marrakech n’accueille que 4 013 spectateurs pour Afrique du Sud – Angola. À Agadir, le même jour, Égypte – Zimbabwe débute devant un millier de personnes, avant d’enregistrer 28 199 entrées en fin de rencontre. Certaines affiches attirent davantage de public, mais la tendance est là : les tribunes sont inégales, parfois clairsemées, souvent vides.
Entrée gratuite après le coup d’envoi
Face au vide des gradins, les organisateurs changent de stratégie. Dès le 24 décembre, les stades ouvrent leurs portes gratuitement environ vingt minutes après le début de certaines rencontres, avec l’accord de la Confédération africaine de football. Cameroun – Gabon, à Agadir, voit ses tribunes se remplir progressivement pendant la première mi-temps, malgré la pluie. Même scénario pour RD Congo – Bénin ou Tunisie – Ouganda. L’opération est habillée d’un slogan : « la CAN du peuple ». Les matchs du Maroc, eux, restent strictement contrôlés. La CAF dément toute distribution de billets gratuits, tout en reconnaissant l’ouverture des portes pour les matchs les moins fréquentés.
Billets bloqués, marché noir et complexité numérique
La billetterie devient le cœur du problème. L’application Yallah, lancée en septembre, impose un contrôle strict : Fan ID obligatoire, billets nominatifs, transferts limités. Des règles pensées pour éviter la revente sauvage, mais qui paralysent le marché secondaire. Résultat : des milliers de billets achetés en masse par des revendeurs restent invendus. Huit personnes sont arrêtées pour spéculation. En ligne, les prix flambent. Dans les faits, les sièges restent vides.
Les tarifs vont de 100 à 900 dirhams selon les matchs, avec une grille qui s’étale sur toute la compétition. Mais dans un contexte économique tendu, et avec des procédures compliquées, l’accès reste difficile pour une large partie du public africain. La sécurité numérique devient une barrière physique.
La première journée comptabilise pourtant 233 634 spectateurs sur douze matchs, en hausse par rapport à la CAN précédente. Mais la question n’est plus seulement celle des chiffres. Le Maroc joue gros. Avant la Coupe du monde 2030, le pays veut prouver sa capacité à gérer des événements à grande échelle. Or, les images de stades vides racontent autre chose.


