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C’est une anomalie française qui dure. D’année en année, le paysage fiscal reste figé : plus de la moitié des foyers fiscaux échappent à l’impôt sur le revenu. Ni les réformes, ni les alternances, ni les cycles économiques n’ont entamé cette singularité. Elle organise une large exonération, revendiquée au nom de la redistribution, mais qui concentre mécaniquement la charge fiscale sur une minorité.
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Les derniers chiffres le confirment : les derniers chiffres officiels montrent que seuls 43,97 % des foyers fiscaux ont effectivement payé l’impôt sur le revenu. En creux, cela signifie que 56 % d’entre eux n’ont rien versé au titre de cet impôt. Cette proportion tourne depuis plusieurs années autour de 57 %, avec de légères variations conjoncturelles. Elle résiste aux changements de gouvernement comme aux aléas économiques.
Seuils d’entrée élevés, décote protectrice
Le système repose d’abord sur une barrière d’entrée. Le barème progressif, combiné aux seuils d’imposition, maintient une large partie des revenus en dehors de l’impôt. Un célibataire doit dépasser 17 133 euros nets imposables par an pour être théoriquement imposable sur une part. Mais même au-dessus de ce seuil, le passage à l’impôt n’est pas garanti. La décote vient gommer les montants trop faibles, réduisant l’impôt à zéro pour les contribuables des premières tranches.
Pour ceux qui franchissent les seuils, l’impôt peut encore s’évaporer. Les crédits d’impôt — emploi à domicile, dons, investissements — permettent de gommer intégralement la note. En 2024, 11 % des foyers fiscaux ont même reçu de l’administration une restitution supérieure ou égale à l’impôt dû. L’outil fiscal devient dans ces cas un instrument de compensation directe.
Conséquence logique : les recettes se concentrent sur une minorité. Les 10 % de foyers les plus riches versent entre 75 % et 76 % de l’impôt sur le revenu. Cette situation alimente un sentiment de déséquilibre : les classes moyennes supérieures ont le sentiment de porter seules la charge, pendant que les ménages modestes restent en marge du contrat fiscal.
Une contribution déplacée, mais réelle
Mais ne pas payer l’impôt sur le revenu ne signifie pas échapper à toute contribution. La quasi-totalité des revenus est soumise à la CSG, bien plus rentable que l’IR. Et la TVA, collectée sur chaque euro dépensé, reste la première source de financement de l’État. L’impôt sur le revenu est devenu l’affaire d’une minorité, mais la contribution collective, elle, reste l’affaire de tous.


