Combien gagne vraiment un prof après 10, 20, 30 ans de carrière ?

2 321 euros après 10 ans de carrière, 3 167 après 30 ans : les salaires enseignants en 2026 peinent à suivre le coût de la vie. Et le gouvernement ne prévoit rien pour inverser la tendance.

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En 2026, la rémunération des enseignants reste prisonnière d’un cadre budgétaire verrouillé. Aucune revalorisation générale à l’horizon, aucune adaptation au glissement de l’inflation ou à l’allongement des carrières. Les grilles salariales restent celles du 1er janvier 2024. Depuis juillet 2023, le point d’indice de la fonction publique est gelé à 4,92278 euros bruts. Il le restera encore cette année. C’est la troisième année consécutive sans hausse automatique des traitements. Seuls les avancements d’échelon et les passages de classe permettent de gagner un peu plus.

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L’ancienneté comme moteur unique

Au bout d’une dizaine d’années, un professeur des écoles atteint généralement les échelons 7 ou 8. À ce stade, le salaire net mensuel s’établit à 2 321 euros pour l’échelon 7, et 2 391 euros pour l’échelon 8, franchi après treize ans et demi d’ancienneté. Ces montants incluent le traitement indiciaire, l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE) et la prime d’attractivité.

Après vingt ans de carrière, on passe aux échelons 10 ou 11 : 2 644 euros nets par mois à l’échelon 10, 2 816 euros au 11. Mais à ce stade, la prime d’attractivité s’efface quasiment. Trente ans de service ouvrent les portes de la hors-classe, parfois de la classe exceptionnelle. En hors-classe échelon 5, le salaire net atteint 3 167 euros. En classe exceptionnelle, il varie entre 2 902 euros et 3 214 euros nets, selon l’échelon atteint.

Les certifiés suivent exactement la même logique. Même grille, même progression, seule l’indemnité change de nom : ISOE au lieu d’ISAE. Les salaires, eux, restent strictement équivalents, entre 2 321 euros à dix ans et jusqu’à 3 214 euros après trente ans de carrière.

Agrégés : des montants supérieurs, même logique figée

Les professeurs agrégés bénéficient d’une grille plus favorable. À dix ans, l’échelon 7 leur rapporte 2 868 euros nets par mois. À l’échelon 8, ce sera 2 989 euros. Après vingt ans, un agrégé en classe normale échelon 11 perçoit 3 429 euros nets. S’il est passé en hors-classe, il redescend légèrement à 3 144 euros à l’échelon 1.

Au-delà de trente ans d’ancienneté, les agrégés les plus avancés accèdent à la hors-classe échelon 3 (3 429 euros) ou 4 (3 984 euros). En classe exceptionnelle, les rémunérations s’étendent de 3 429 euros à 4 355 euros nets mensuels à l’échelon terminal.

Primes et compléments : des écarts selon les missions

À ces montants s’ajoutent plusieurs compléments. En éducation prioritaire, l’indemnité atteint 1 734 euros bruts par an en REP. En REP+, elle grimpe à 5 114 euros bruts de part fixe, plus une part modulable jusqu’à 702 euros. Les professeurs principaux perçoivent entre 1 246 et 1 426 euros bruts annuels (certifiés ou agrégés). Les heures supplémentaires ajoutent entre 1 097 et 1 609 euros bruts par an pour les certifiés, jusqu’à 2 321 euros pour les agrégés. Le Pacte enseignant permet d’empiler jusqu’à trois missions, rémunérées 1 250 euros bruts chacune.

Un point d’indice sous pression depuis 25 ans

Le gel du point d’indice, reconduit en 2026, s’inscrit dans une politique de rigueur. Aucun rattrapage général, et plusieurs milliers de postes supprimés. L’élan de 2023 – qui avait permis de garantir 2 121 euros nets pour les nouveaux titulaires – semble déjà loin.

Sur le long terme, le pouvoir d’achat est en recul net. En vingt-cinq ans, la valeur réelle du point d’indice a chuté de 31,5 %. Les hausses enregistrées entre 2015 et 2023 n’ont fait que suivre l’inflation. Résultat : des salaires quasiment inchangés en euros constants, alors que ceux des enseignants de l’OCDE ont progressé de 4 % sur la même période.

Dans les classements internationaux, la France affiche un coût salarial unitaire faible. En parité de pouvoir d’achat, un enseignant du secondaire gagne 2 682 euros bruts mensuels en début de carrière, contre 5 262 euros en Allemagne. L’écart se creuse en fin de parcours, au bénéfice du Luxembourg, de l’Allemagne ou du Canada. Les difficultés de recrutement s’aggravent. Les revendications syndicales aussi.



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