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La fiche de paie française ressemble à un millefeuille. Chaque étage ajoute un prélèvement, chaque ligne fait grimper l’écart entre ce que touche le salarié et ce que débourse l’employeur. Pour s’y retrouver, il faut disséquer la mécanique en trois niveaux bien distincts, mais rarement visibles dans leur ensemble.
Ce que touche le salarié : un chiffre en bas de page
Le salaire net, c’est ce qui arrive sur le compte bancaire. Il s’obtient après avoir retranché du salaire brut environ 22 % de cotisations salariales : retraite, maladie, chômage, CSG, CRDS. À partir du 1er janvier 2026, un salarié à temps plein payé au SMIC touchera 1 443 euros nets par mois pour 35 heures hebdomadaires. Une somme déjà amputée avant d’arriver au salarié, mais qui peut encore baisser avec le prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu. Le bulletin de paie fait la différence entre le net avant impôt et le net imposable, mais l’information reste peu lisible.
Le salaire brut est la ligne de référence dans le contrat de travail. C’est à partir de ce montant qu’on calcule les droits à la retraite, les indemnités maladie, le chômage. En 2026, le SMIC brut mensuel s’établira à 1 823,03 euros. Mais cette somme ne reflète ni ce que reçoit le salarié, ni ce que paie l’employeur. Elle reste pourtant le repère contractuel. Dans l’esprit du salarié, elle fait office de boussole. Pour l’employeur, elle ne représente qu’un morceau du coût global.
Le coût total pour l’employeur reste largement masqué
Troisième étage, le plus méconnu : le super brut, ou coût total employeur. Il ajoute au salaire brut toutes les cotisations patronales : allocations familiales, accidents du travail, formation professionnelle, assurance maladie. Ces charges, invisibles pour le salarié, sont bien réelles pour l’employeur. Elles varient selon le niveau de salaire, le statut du salarié, ou encore les allègements en vigueur. Cette partie du coût du travail ne figure pas toujours clairement sur les fiches de paie, mais elle pèse lourd dans la décision d’embauche.
Des allègements qui s’effacent à mesure que le salaire grimpe
Pour les bas salaires, le système français prévoit des exonérations. La réduction générale permet de limiter l’écart entre le brut et le super brut. En 2026, un salarié payé au SMIC coûtera à son employeur entre 1 900 et 1 950 euros par mois, soit un surcoût contenu par rapport au brut. Mais dès que le salaire s’élève, ces mécanismes s’estompent. Un salarié payé autour du salaire médian verra les cotisations patronales représenter entre 25 % et 42 % du brut.
Pour un cadre à 3 000 euros nets par mois, le brut avoisine 3 850 euros. Mais avec les charges, le coût réel pour l’entreprise dépasse 5 000 euros. Le salarié perçoit donc un peu moins de 60 % de ce que l’employeur dépense. En 2026, de nouveaux ajustements techniques vont encore complexifier la donne : hausse du plafond de la Sécurité sociale, évolution des taux de cotisation chômage, adaptation des barèmes d’exonération. La France continue de figurer parmi les pays de l’OCDE où le coût du travail est le plus écrasé par les prélèvements.


