Cumul emploi-retraite : Lecornu sacrifie les séniors

Seniors, préparez-vous : travailler à la retraite va devenir bien plus difficile. Voici ce que prévoit la réforme.

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Passée quasi inaperçue dans le flot des textes budgétaires, la réforme du cumul emploi-retraite adoptée cette semaine change radicalement la donne. À compter de 2027, les retraités qui souhaitent continuer à travailler devront franchir une série d’obstacles. Le virage est net. Cette réforme pèsera sur toutes les générations à venir, bien plus profondément que les débats suspendus sur l’âge légal de départ.

Un système qui bénéficiait à beaucoup

Jusqu’ici, le cumul emploi-retraite permettait à plus de 700 000 retraités de compléter leurs revenus, dans un cadre souple. Deux options coexistaient : un cumul intégral pour ceux partis à taux plein, et un cumul plafonné pour les autres. Dans la pratique, ce système offrait une soupape utile. Laurent, 63 ans, ancien maître-nageur, pouvait continuer à travailler à temps partiel tout en touchant sa pension. Plafonné, certes — 2 900 euros bruts mensuels — mais possible. Et, surtout, transparent et déclaré.

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Fini la flexibilité. Dès 2027, la logique change du tout au tout. Ceux qui partent avant 64 ans verront 100 % de leurs revenus d’activité déduits de leur pension. Autrement dit, ils travailleront pour rien, du moins sur le papier. Entre 64 et 67 ans, les pensions seront amputées de moitié des revenus au-delà d’un seuil, encore à préciser mais estimé autour de 7 000 euros annuels. Seuls les retraités de 67 ans et plus conserveront un droit au cumul sans limite. Le gouvernement justifie ce durcissement par un recentrage du dispositif sur les retraités modestes, mais le cadre devient nettement plus restrictif pour tous.

Un risque de décrochage massif des seniors

Ce resserrement soulève plusieurs inquiétudes. Il supprime un outil efficace pour prolonger l’activité des seniors. Sans cette passerelle, le risque est de voir se développer des pratiques de travail non déclaré. En parallèle, les entreprises, confrontées à une vague de départs en retraite, se verront privées de compétences expérimentées. Les savoir-faire risquent de disparaître plus vite que prévu, faute de transmission possible dans un cadre légalement incité.

La retraite progressive est souvent évoquée comme solution de remplacement. Mais sa mise en œuvre se heurte à des contraintes réelles, notamment dans les petites structures, peu équipées pour adapter les postes à temps partiel. Et une fois sortis du marché du travail à 64 ans, les salariés deviennent souvent inemployables au bout de deux ou trois ans d’inactivité. Reprendre une activité à 67 ans, quand le cumul redeviendra possible, ne sera plus une option réaliste pour beaucoup.



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