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La ministre de la Culture est de nouveau dans la ligne de mire de la justice. Une information judiciaire a été ouverte à son encontre pour des faits présumés de corruption et de trafic d’influence, en lien avec sa période au Parlement européen. Plusieurs perquisitions ont été menées ce jeudi 18 décembre dans des lieux liés à l’ancienne garde des Sceaux.
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Des perquisitions dans plusieurs lieux liés à la ministre
Jeudi matin, des opérations de perquisition ont été conduites simultanément à la mairie du 7ᵉ arrondissement de Paris, au ministère de la Culture et aux domiciles privés de Rachida Dati. Ces perquisitions, confirmées à BFMTV par le Parquet national financier (PNF), s’inscrivent dans le cadre d’une information judiciaire ouverte depuis le 14 octobre. L’enquête a été confiée à l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales.
L’information judiciaire porte sur plusieurs chefs d’accusation : corruption active et passive, trafic d’influence, détournement de fonds publics, recel et blanchiment. Ces faits sont directement liés à l’exercice du mandat de députée européenne de Rachida Dati, entre 2009 et 2019. L’enquête s’attache à déterminer les conditions dans lesquelles l’élue aurait perçu des fonds sans en informer les institutions européennes.
299.000 euros versés par GDF Suez : le cœur des soupçons
Au centre du dossier : deux virements bancaires de 149.500 euros chacun, versés à l’ancienne eurodéputée par GDF Suez — aujourd’hui Engie — via un cabinet d’avocats avec lequel elle collaborait à l’époque. Ces honoraires, pour un total de 299.000 euros, n’auraient pas été déclarés au Parlement européen. Les enquêteurs cherchent à comprendre la nature des prestations facturées et l’éventuel rôle d’intermédiaire joué par le cabinet d’avocats dans le transfert des fonds.
Rachida Dati conteste toute implication, affirmant n’avoir jamais travaillé pour GDF Suez, ni compté l’entreprise parmi ses clients.
Des éléments matériels évoqués dans le dossier
Dans le cadre d’une précédente enquête, les enquêteurs ont saisi un carnet manuscrit dans lequel figurent les mentions « GDF 250 » et « Renault 300 », ainsi qu’une note indiquant : « GDF Suez et Areva sont concurrents, revoir contrat dernière page ». Des annotations que la ministre a imputées à une erreur de sa secrétaire.
Selon des informations publiées par Le Nouvel Observateur, un document comptable du cabinet d’avocats concerné ferait état des versements sous l’intitulé « Dati Honoraire GDF Suez ». Ces éléments, s’ils étaient confirmés, pourraient contredire la version défendue par l’intéressée.
Un autre dossier judiciaire en attente de jugement
Ce nouveau volet judiciaire s’ajoute à une procédure déjà en cours impliquant Rachida Dati dans une affaire distincte de corruption et de trafic d’influence. Elle doit comparaître aux côtés de Carlos Ghosn lors d’un procès prévu en septembre 2026, dans le cadre de prestations de conseil réalisées pour Renault-Nissan lorsqu’elle était avocate.
Dans ce dossier également, les enquêteurs soupçonnent des rémunérations occultes liées à des interventions en faveur d’intérêts industriels.
Sollicités par plusieurs médias, les avocats de Rachida Dati n’ont pas souhaité commenter l’affaire. De son côté, le Parquet national financier n’a pas répondu aux demandes d’explication. Selon nos informations, la ministre était présente au Sénat au moment des perquisitions.
La procédure suit son cours dans un contexte de forte exposition politique pour la ministre, dont la position au sein du gouvernement pourrait se retrouver fragilisée.


