Impôts locaux et taxes foncières : les mauvaises surprises qui attendent les Français en 2026

Quelles communes vont vraiment augmenter la taxe foncière en 2026 ? Et de combien ? Éléments de réponse dans ce décryptage.

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La taxe foncière augmentera mécaniquement en 2026 du fait de la revalorisation automatique des valeurs locatives cadastrales, avec un taux de 0,8% correspondant à l’évolution de l’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) publié par l’Insee le 27 novembre 2025 (donnée provisoire) puis confirmé le 11 décembre 2025.

Dans le même temps, le PLF 2026 organise un effort budgétaire demandé aux collectivités territoriales, présenté comme une contribution au redressement des comptes publics, et décliné via plusieurs dispositifs touchant dotations, compensations et mécanismes de remboursement. Enfin, la taxe d’habitation reste due pour les résidences secondaires, la suppression ne concernant que les résidences principales depuis le 1er janvier 2023, ce qui maintient un levier fiscal local distinct de la taxe foncière.

Ce que disent les chiffres

Le ralentissement de la revalorisation automatique apparaît nettement à l’échelle récente, après 1,7% en 2025, 3,9% en 2024 et 7,1% en 2023, alors que l’indexation 2026 est fixée à 0,8%. Le montant moyen de taxe foncière, à 1082 euros en 2024, est annoncé à environ 1102 euros en 2026, soit 20 euros supplémentaires liés uniquement à cette indexation, dans un contexte où l’UNPI indique, dans son 19e rapport publié le 15 octobre 2025, une hausse de 37,3% entre 2014 et 2024, supérieure à celle des loyers (+8,7%) et de l’inflation sur la période. Du côté des décisions locales, 86,3% des communes ont maintenu leur taux de taxe foncière sur les propriétés bâties inchangé en 2025, 12,6% l’ont augmenté et 1,1% l’ont baissé.

Un gros effort demandé aux Français

L’opération de « fiabilisation des bases foncières » évoquait 7,4 millions de logements concernés en 2026, sur environ 32 millions de propriétaires, avec une hausse moyenne de 63 euros et un gain attendu de 466 millions d’euros, assortis de disparités territoriales marquées (plus de 60% des logements en Haute-Corse, 45% en Corse-du-Sud, 42% dans l’Aude, 25% à Paris, environ 10% dans les Pays-de-Loire et en Isère ; en métropole, 25% des maisons et 15% des appartements).

Pour les finances publiques locales, l’effort inscrit au PLF 2026 est donné entre 4,6 milliards d’euros et 5,3 milliards d’euros selon les versions, certaines associations d’élus avançant environ 8 milliards d’euros, tandis que le DILICO est annoncé reconduit et doublé en 2026, avec un schéma initial à 2 milliards d’euros puis un remaniement au Sénat ramenant la contribution globale à 890 millions d’euros et exonérant les communes, la contribution des régions restant à 500 millions.

Majoration pour les résidences secondaires

À cela s’ajoutent des montants ciblés : réduction de 25% d’une compensation liée aux établissements industriels, perte ramenée à 800 millions d’euros par le Sénat pour le bloc communal, DGF gelée à 27 milliards d’euros avec un manque à gagner estimé à 350 millions, minoration de 527 millions d’euros des variables d’ajustement et chute de près de 68% de la DCRTP des communes, réduction du Fonds vert pour se limiter à 650 millions d’euros en 2026, FIT doté de 1,4 milliard d’euros en autorisations d’engagement et 1 milliard en crédits de paiement, et hausse de 3 points du taux de cotisation à la CNRACL étalée sur quatre ans, représentant environ 1,2 milliard d’euros de dépenses supplémentaires en 2026. Sur la taxe d’habitation des résidences secondaires, la majoration possible en zone tendue est comprise entre 5% et 60% de la part communale, avec 3690 communes éligibles en 2025, tandis que la révision des valeurs locatives, reportée à 2028, est évoquée comme susceptible d’un report supplémentaire jusqu’en 2031.

Ce qui change

Le PLF 2026 met en mouvement plusieurs leviers qui modifient les ressources, les compensations et certains mécanismes, en premier lieu le DILICO, décrit comme une « épargne forcée » et reconduit en 2026, avant d’être remodelé au Sénat en commission des finances avec une contribution globale ramenée à 890 millions d’euros et une exonération totale des communes.

Le texte prévoit aussi une réduction de 25% de la compensation versée aux collectivités au titre de l’abattement de 50% applicable aux valeurs locatives cadastrales des établissements industriels pour la taxe foncière sur les propriétés bâties et la CFE, tandis que la DGF est gelée à 27 milliards d’euros sans indexation sur l’inflation et que les variables d’ajustement sont minorées. Le FCTVA est recentré sur les seules dépenses d’investissement, avec la suppression de l’éligibilité de dépenses de fonctionnement comme l’entretien de bâtiments publics, de la voirie, des réseaux et de l’informatique en nuage, et un basculement du calcul pour les EPCI sur les dépenses de l’année N-1, seules les communes nouvelles conservant le calcul sur les dépenses en cours.

À côté de ces mécanismes, le Fonds vert subit une nouvelle réduction, les dotations d’investissement (DETR, DSIL, DPV) sont fusionnées dans un Fonds d’investissement pour les territoires, et la fiscalité liée à la vacance et aux résidences secondaires est retravaillée au Sénat via la fusion TLV/THLV dans une taxe locale unique et la suppression de la liaison du taux entre THRS et taxe foncière.

Les limites et points de friction

La « fiabilisation des bases foncières » illustre le point de rupture le plus visible : annoncée le 18 novembre 2025, elle devait intégrer automatiquement des « éléments de confort » dans les fichiers fiscaux et provoquer une hausse supplémentaire pour 7,4 millions de logements, avant de susciter un tollé et un recul rapide. Le 20 novembre 2025, les ministères concernés ont annoncé une « consultation flash » avec parlementaires et collectivités, réunie le 26 novembre 2025 autour de la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, conduisant à la suspension de la mesure jusqu’au printemps 2026, avec une piste alternative donnant aux maires la possibilité d’interroger directement les propriétaires via les commissions communales d’impôts directs. Les chiffres exposent aussi une hétérogénéité territoriale forte, au point que l’impact annoncé varie largement selon les départements, et le débat sur l’effort demandé aux collectivités reste explicitement contesté, certaines associations d’élus estimant l’effort réel à environ 8 milliards d’euros. La restitution des sommes prélevées au titre du DILICO est conditionnée, sur une durée portée à cinq ans, au respect d’une contrainte d’évolution des dépenses totales, fonctionnement et investissement, qui devraient progresser moins vite que le PIB en valeur.

Où en est la situation

Le PLF 2026 suit une procédure parlementaire heurtée dans un contexte d’instabilité gouvernementale : déposé le 14 octobre 2025, rejeté par l’Assemblée nationale le 22 novembre, il a été adopté par le Sénat le 15 décembre 2025 avec 187 voix contre 109. Une commission mixte paritaire est prévue le 19 décembre 2025 pour tenter de rapprocher les versions, avec un vote sur ses conclusions annoncé le 23 décembre si un accord intervient, la Constitution imposant une adoption définitive avant le 23 décembre et une promulgation avant le 31 décembre 2025 pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2026.

Sur l’épisode de fiabilisation suspendu, les propriétaires concernés devaient être informés via un courrier accessible dans leur espace numérique sur impots.gouv.fr dès juin 2026, la DGFiP indiquant la possibilité de contester l’imposition lorsque le logement ne serait réellement pas équipé des installations mentionnées, avec des dégrèvements correspondants, tandis que le délai de contestation pour la taxe foncière 2025 court jusqu’au 31 décembre 2026. La Constitution impose une adoption définitive du budget avant le 23 décembre 2025 et une promulgation avant le 31 décembre 2025 pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2026.



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