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En Suisse, l’écart de rémunération avec la France frappe d’abord par sa netteté. Mais dès que l’on intègre les charges assumées individuellement et le niveau général des prix, la comparaison change de nature. Salaires, logement, assurance maladie : les chiffres dessinent une équation bien moins évidente qu’elle n’en a l’air.
Des salaires élevés
Selon l’OCDE et les publications du Trésor français, le salaire annuel moyen suisse s’établit à 67 409 euros bruts, soit 5 617 euros mensuels bruts, ou environ 6 950 CHF. En France, le salaire moyen est de 38 184 euros annuels, soit 3 182 euros mensuels. Le salaire médian suisse s’élève à 7 024 CHF bruts par mois en 2024 selon l’OFS, et 88 200 CHF annuels en 2025 selon d’autres sources. Sur la même période, le salaire moyen brut atteint 7 917 CHF, ou environ 95 000 CHF annuels en 2025.
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La comparaison se heurte aussi au cadre du salaire minimum. La Suisse ne dispose pas de salaire minimum national, contrairement à la France, où le SMIC atteint 11,88 euros de l’heure (1 801,80 euros mensuels). Côté helvétique, le canton de Genève maintient le salaire minimum cantonal le plus élevé : 24,48 CHF de l’heure à partir du 1er janvier 2025, soit l’équivalent d’environ 4 455 CHF bruts mensuels.
Assurance maladie : obligatoire, mais à la charge individuelle
Sur le front de la santé, la Suisse assume un modèle où l’assurance maladie est obligatoire, mais financée à titre individuel — à l’inverse du système français alimenté via les cotisations sociales. L’Office fédéral de la santé publique (OFSP) confirme une hausse moyenne de 6% des primes d’assurance maladie de base au 1er janvier 2025. La prime mensuelle moyenne atteindra 378,70 CHF en 2025 pour la LAMal, tous âges et tous cantons confondus.
À Genève, l’augmentation annoncée est de 6,5%, portant la prime mensuelle moyenne à 478 CHF.
Les causes principales incluent l’augmentation des coûts hospitaliers, le vieillissement de la population suisse — qui accroît la demande de soins chroniques — et l’innovation médicale, avec des médicaments coûteux. Dans ce contexte, la dynamique des primes pèse d’autant plus qu’elle progresse nettement plus vite que l’inflation mesurée sur la période.
Logement : des loyers élevés sur un marché sous tension
Le logement reste l’une des lignes les plus lourdes du budget. En 2025, un appartement d’une chambre au centre-ville est estimé autour de 2 880 euros mensuels à Zurich et 2 420 euros mensuels à Genève. Plus largement, le coût global de la vie en Suisse est indiqué comme 88% plus élevé qu’en France. Le taux de vacance des logements locatifs suisses a baissé à 1,4% en 2025, contre 1,6% un an plus tôt, indiquant une pénurie de logements.
Dans le même temps, les loyers augmentent de 1,6% en glissement annuel. Les écarts entre loyers proposés (nouveaux) et loyers existants (anciens) se creusent, particulièrement à Genève, Zurich et Lausanne. Pour une famille de quatre personnes, un budget confortable est évalué à environ 5 500 CHF mensuels.
Pouvoir d’achat, inflation
Malgré ces coûts, les comparaisons de pouvoir d’achat net restent favorables à la Suisse, avec un niveau environ 50% à 70% supérieur à la moyenne européenne et 30% à 50% au-dessus de celui de la France. Le salaire net moyen suisse est estimé à environ 4 382 euros mensuels après déductions fiscales et sociales. Les prélèvements obligatoires — impôts et cotisations sociales — varient de 10% à 20% en Suisse, contre 22% à 25% en France. Mais le coût de la vie plus élevé réduit l’avantage nominal des salaires : malgré un salaire brut 76% plus élevé qu’en France, le pouvoir d’achat réel dépend fortement de la région suisse considérée.
Le contexte de prix renforce ce jeu d’équilibres. En novembre 2025, l’inflation en Suisse est annoncée à 0%, en nette baisse. Les prix des carburants reculent de 4,8%, tandis que les loyers augmentent de 1,6%.
Selon des experts d’UBS, les salaires réels, ajustés de l’inflation, devraient compenser presque entièrement la perte de pouvoir d’achat depuis 2022. Dans le même temps, la hausse des primes d’assurance maladie de 6% en 2025 dépasse largement l’inflation générale (0,0%) et affecte le pouvoir d’achat réel des ménages. Sur le plan macroéconomique, la croissance suisse est attendue modérément basse : l’OCDE prévoit +1,2% en 2026, après +1,1% en 2025.


