Combien gagne un notaire ?

Rémunérations, charges, fiscalité, crise immobilière : plongée dans les réalités chiffrées du métier de notaire en 2024-2025.

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Derrière le titre d’officier public, le notaire français cumule statut libéral, revenus élevés, lourdes charges et une exposition directe au marché immobilier. Les chiffres de 2024 et 2025 dessinent le portrait d’une profession à la fois bien rémunérée, lourdement imposée et directement dépendante de la conjoncture immobilière.

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Officiers publics, entrepreneurs privés

Les notaires français sont des officiers publics nommés par le Garde des Sceaux, mais exercent en libéral : ils sont rémunérés par leurs clients, non par les contribuables, et assument la responsabilité économique de leur étude. Leur revenu repose sur un barème d’émoluments réglementés, complété par des honoraires libres, notamment pour le conseil. Sur une facture type, 80 % des sommes versées correspondent à des taxes, 10 % à des émoluments et le reste à des débours. Les frais de succession constituent une source de revenus stable, avec des émoluments proportionnels à la valeur des biens immobiliers et un coût moyen d’environ 1 % de l’actif net successoral pour la déclaration fiscale.

En 2024, la profession a établi 4 millions d’actes, dont 792 000 actes de vente. L’Observatoire FIDUCIAL 2025 indique un produit moyen de 320 € par acte et 312 actes par collaborateur. Une heure de conseil est facturée entre 180 et 500 € dans le cadre des honoraires libres.

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Revenus, salaires et charges : un équilibre sous contrainte

Pour les notaires libéraux, le revenu annuel moyen s’établit à 229 700 € bruts, soit 19 142 € par mois, et le revenu médian à 197 500 € bruts, soit 16 458 € mensuels. Dans les offices les plus performants, la rémunération peut atteindre jusqu’à 40 000 € bruts par mois. Sur une carrière, les repères se situent autour de 2 960 € nets pour un débutant, 9 000 € nets pour un notaire expérimenté et entre 14 600 et 15 000 € nets en fin de parcours.

Ces revenus s’inscrivent dans un cadre où charges et fiscalité absorbent autour de 60 % des encaissements. Les notaires sont imposés en bénéfices non commerciaux selon le barème progressif, jusqu’à 45 %, avec en sus la contribution exceptionnelle sur les hauts revenus, et relèvent du régime des travailleurs non-salariés, avec des cotisations sociales spécifiques. L’Observatoire FIDUCIAL 2025 relève, par étude, un chiffre d’affaires moyen de 1,02 million d’euros, pour 198 000 € de résultat net, soit un taux de rentabilité de 19,4 %, sur fond de baisse de 2,8 % du chiffre d’affaires et d’une structure en trois groupes (43 %, 38 % et 19 %).

Les notaires salariés relèvent de la convention collective nationale du notariat (IDCC 2205). Au 1er mars 2025, la valeur du point y est fixée à 15,78 € après une hausse de 0,58 %, et la grille des salaires minimums est définie pour les coefficients de C1 à C4.

Une profession en expansion, féminisée et contrastée selon les territoires

En 2024, la profession comptait 17 305 notaires, dont 57,52 % de femmes, 55 566 collaborateurs, 7 027 offices et 1 371 bureaux annexes, pour un âge moyen de 46 ans et 8 mois. Entre 2016 et 2024, le nombre d’offices a progressé de 50 %. Sur la période 2023-2025, 303 nouveaux offices et 502 nouveaux notaires ont été créés. Parmi les nouveaux installés, 87 % sont des primo-installants, avec un âge moyen de 39 ans et 67 % de femmes. Le rythme annuel de nominations se situe entre 300 et 350. Ces données confirment la féminisation et le rajeunissement de la profession.

Les écarts territoriaux sont marqués : l’Autorité de la concurrence relève un écart de chiffre d’affaires de 1 à 4 entre zones urbaines et rurales. Le Baromètre des notaires 2024 mentionne des valorisations régionales différenciées, notamment 97 % pour le Sud-Ouest et 81 % pour le Sud-Est. Sept zones d’emploi, principalement franciliennes, corses et alsaciennes, affichent un chiffre d’affaires moyen supérieur à 1 000 000 €. La rémunération en Île-de-France est supérieure de 3 à 5 % à celle de la province, et plusieurs sources signalent une baisse de 20 % du chiffre d’affaires dans les métropoles.

Immobilier en crise, droits de mutation en hausse et spécialisations à l’horizon

L’immobilier représente en moyenne 57 % de l’activité notariale et 65 % pour les cabinets créés après 2017. En 2024, le nombre de transactions immobilières est tombé à 750 000, contre 1,2 million en 2022, soit une baisse de 37,5 %, avec un recul moyen de 3,9 % des prix. Les terrains à bâtir sont passés de 75 000 à 43 000 transactions. Le chiffre d’affaires total de la profession s’établit à 9 milliards d’euros pour 2024.
Les départements sont autorisés à augmenter les droits de mutation à titre onéreux de 0,5 point, de 4,5 % à 5 %, jusqu’au 30 avril 2028. Cette hausse ne s’applique pas à l’immobilier neuf ni aux primo-accédants, tandis que les recettes de droits de mutation ont diminué de 6 milliards d’euros entre 2022 et 2023. Une réforme des cotisations sociales est par ailleurs prévue pour 2025.



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