Gestion active ou gestion passive : quelle méthode choisir ?

Pour investir en Bourse en tant que particulier, deux approches dominent : confier la sélection des titres à un gérant via la gestion active ou suivre un indice grâce à la gestion passive, portée par l’essor des ETF (ou trackers). Ces stratégies répondent à des logiques différentes. Comment choisir celle qui vous convient ?

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Qu’est-ce que la gestion active ?

La gestion active consiste à confier son épargne à des professionnels chargés de sélectionner des titres et d’arbitrer le portefeuille dans l’objectif de faire mieux que le marché. Pour un particulier, l’accès se fait principalement via des OPCVM, des fonds réglementés qui appliquent une stratégie définie dès leur lancement.

Un OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeurs Mobilières) permet d’investir collectivement sur des marchés financiers variés. Le souscripteur achète une part du fonds, et la société de gestion pilote les investissements en échange de frais liés à l’expertise du gérant, comme :

  • les frais d’entrée ;
  • les frais de gestion annuels ;
  • les éventuels frais de surperformance ;
  • les frais de sortie selon les fonds.

Ces véhicules sont strictement encadrés par l’AMF, qui impose des règles précises. L’univers d’investissement choisi à la création du fonds ne peut pas être modifié. Ainsi, un fonds obligataire européen ne pourra pas basculer ensuite vers les actions des pays émergents. Le gérant intervient donc dans un cadre défini, mais conserve la main sur chaque arbitrage.

Deux grandes formes d’OPCVM coexistent, avec des structures différentes :

  • SICAV : sociétés anonymes à capital variable, dont l’investisseur devient actionnaire. Leur création nécessite un capital d’au moins 7,5 millions d’euros.
  • FCP : fonds sans personnalité morale, reposant sur une copropriété de titres. Le capital requis est plus faible et l’investisseur y est porteur de parts.

L’AMF classe ensuite les OPCVM selon leur orientation : monétaires, obligataires, actions, alternatifs, à formule ou diversifiés. Cette classification influe sur le niveau de risque et le potentiel de rendement. Par exemple, un OPCVM actions doit comporter au moins 60 % d’actions.

Les fonds actifs sont accessibles depuis différentes enveloppes : assurance-vie, plan d’épargne en actions (PEA), compte-titres ordinaire (CTO), plan épargne retraite (PER) ou contrat de capitalisation. Chaque support possède ses propres règles fiscales en cas de rachat ou de transmission. Les enveloppes les plus avantageuses pour la plupart des investisseurs sont le PEA et l’assurance-vie, qui concilient diversification et cadre fiscal attractif. Les autres enveloppes peuvent aussi avoir leur intérêt pour certains profils. Par exemple, le PER est pertinent pour un contribuable fortement fiscalisé grâce à la déductibilité des versements. 

Qu’est-ce que la gestion passive via des ETF ?

La gestion passive repose sur le principe suivant : plutôt que chercher à battre le marché, l’investisseur suit son évolution. Cette méthode d’investissement est accessible pour les épargnants via les ETF (Exchange-Traded Funds), des fonds indiciels cotés en bourse qui répliquent mécaniquement la performance d’un indice, à la hausse comme à la baisse.

Le succès des ETF depuis plusieurs années est important. En effet, leur progression est spectaculaire : selon Morningstar, ils représentent en 2024 près de 26,7 % de la gestion collective en Europe, contre à peine 10,3 % dix ans plus tôt. Les épargnants français adoptent progressivement cette méthode de placement déjà très répandue aux États-Unis. De ce fait, ils sont de plus en plus nombreux à consulter des ressources pour comprendre les ETF.

Contrairement aux fonds actifs, où des professionnels sélectionnent les titres dans le but de surperformer le marché, un ETF suit une stratégie entièrement mécanique. Cette logique peut s’appliquer sur une large diversité d’indices :

  • indices boursiers généraux, comme le CAC 40, le S&P 500 ou le MSCI World ;
  • secteurs spécialisés : technologie, santé, intelligence artificielle, énergies renouvelables, immobilier ;
  • classes d’actifs diverses : obligations, or, matières premières, cryptomonnaies.

Grâce à la diversité des indices disponibles, un ETF facilite l’accès à une diversification immédiate.

De plus, un ETF peut fonctionner selon deux modes :

  • ETF capitalisant : les dividendes perçus sont automatiquement réinvestis dans le fonds, ce qui augmente progressivement la valeur de la part et maximise l’effet des intérêts composés.
  • ETF distribuant : les dividendes sont versés à l’investisseur, généralement de manière trimestrielle ou annuelle.

Le choix entre ces deux formats dépend de l’objectif recherché : accumulation de capital ou génération de revenus réguliers.

Enfin, les ETF sont accessibles via les mêmes enveloppes que les fonds actifs : PEA, assurance-vie, contrat de capitalisation, PER ou compte-titres ordinaire. Chaque support possède ses propres règles juridiques et fiscales, qu’il convient d’examiner avant d’investir.

Comment choisir entre gestion active et gestion passive ?

Pour comparer ces deux modes de gestion, il faut s’appuyer sur des données objectives.

Des résultats statistiques très clairs

L’étude SPIVA, référence depuis plus de vingt ans sur le sujet, montre que les fonds passifs surperforment la gestion active.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • Aux Etats-Unis, sur 5 ans 86,91 % des fonds actifs font moins bien que l’indice S&P 500. Sur 10 ans le taux s’élève à 85,98 %. Données recueillies le 30/06/2025.
  • En Europe, 91,36 % des fonds sous-performent le S&P Europe 350 sur 5 ans. Sur 10 ans, le constat reste identique avec 92,07 % de sous-performance. Données recueillies le 30/06/2024.
  • Même sur les small caps aux USA, un univers souvent jugé favorable à la gestion active, 78,42 % des fonds sont derrière le S&P SmallCap 600 sur 10 ans. Données recueillies le 30/06/2025.

Ces résultats montrent une tendance solide : sur le long terme, la gestion passive offre une meilleure performance nette dans la grande majorité des cas.

Une implication concrète pour les investisseurs

Pour la plupart des épargnants, il est donc pertinent de privilégier les ETF, à condition de diversifier son portefeuille. Un investisseur doit éviter une exposition trop concentrée, notamment lorsqu’un ETF comme le S&P 500 est fortement porté par la technologie. Pour construire un portefeuille équilibré, il est préférable de combiner au moins deux ou trois ETF couvrant des zones géographiques et des secteurs différents, afin de répartir le risque.

La performance dépend également de l’horizon d’investissement. Les statistiques montrent qu’une vision long termeest indispensable pour lisser les fluctuations et tirer pleinement parti de la gestion passive.

Pourquoi les ETF surperforment-ils à long terme ?

Trois explications majeures, à la fois pratiques et théoriques, permettent de comprendre l’avantage des ETF :

  • Des frais plus faibles, qui améliorent mécaniquement la performance nette. La gestion active présente des frais totaux 5 à 10 fois plus élevés que la gestion passive, car elle rémunère les équipes de gérants et l’analyse financière. Ces coûts réduisent directement la performance nette pour l’investisseur.
  • La Théorie des Marchés Efficients, développée par Eugene Fama, selon laquelle l’information disponible est rapidement intégrée dans les prix. Les mouvements sont largement aléatoires, rendant la surperformance durable très difficile pour un gérant. Cette idée rejoint en partie les travaux du mathématicien Nassim Nicholas Taleb sur le Cygne Noir, qui montrent que les marchés sont régulièrement bouleversés par des événements rares et imprévisibles, impossibles à anticiper même pour les meilleurs professionnels.
  • Les biais comportementaux étudiés par Kahneman et Tversky : excès de confiance, tendance à conserver trop longtemps les positions perdantes, ou difficulté à reconnaître une erreur. Ces biais influencent la prise de décision des gérants et pénalisent la performance dans le temps.

Des soutiens de poids pour la gestion passive

Des figures reconnues de l’investissement défendent ouvertement l’investissement passif. Par exemple, Warren Buffett recommande aux particuliers d’investir régulièrement dans un ETF répliquant le S&P 500, tandis que John Bogle, fondateur de Vanguard, a bâti une grande partie de l’industrie indicielle moderne.

En conclusion, sur la base des données disponibles, la gestion passive s’impose pour beaucoup d’investisseurs comme une option performante à long terme, accessible, simple à suivre et peu coûteuse. En misant sur une diversification solide et un horizon long terme, les ETF offrent une manière efficace de construire un portefeuille.



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