Autoentrepreneur : entre flexibilité et complexité, le double visage du régime

A l’occasion de la nouvelle édition de son livre Je suis autoentrepreneur, Frédérique David-Créquer analyse les avantages et les inconvénients du régime de l’autoentrepreneur.

Depuis la première édition de mon livre « Je suis autoentrepreneur – ma micro elle a toute d’une grande », le nombre de pages est passé de 280 à 320 dans sa cinquième édition. Cette augmentation est le résultat d’un régime de l’autoentrepreneur qui s’est considérablement étoffé au gré des évolutions législatives dont l’administration française raffole.

Au-delà de la simplicité apparente, se lancer en un clic ne suffit plus. Il y a désormais bien plus à connaître pour bien gérer sa micro-entreprise. Ce régime impose aujourd’hui des obligations plus proches de celles des autres types d’entreprises, notamment en ce qui relève des droits et devoirs de l’entrepreneur. Avec toutefois la spécificité d’obligations comptables plus légères.

Le régime de l’autoentrepreneur est une formidable opportunité pour ceux qui veulent se lancer, mais il cache aussi des pièges importants à identifier.

Les avantages du régime de l’autoentrepreneur:

  • simplicité comptable : une aubaine pour ceux qui redoutent le côté administratif. Pas besoin de s’épancher sur la réalisation de comptes de résultats et des bilans, contrairement aux autres formes d’entreprises ;

  • flexibilité : un atout majeur permettant d’ajuster son activité selon ses envies et ses besoins, corrélé par le principe fondamental du régime « pas de chiffre d’affaires, pas de charge » ;

  • fiscalité : possibilité de ne pas avoir à gérer la TVA en dessous des plafonds de franchise en base. Avec la nuance qu’un autoentrepreneur peut choisir d’en devenir redevable dès qu’il le souhaite, et même dès le début de son activité, comme toutes les autres types d’entreprise.

Au fil du temps, j’ai découvert que le régime de l’autoentrepreneur est plus complexe qu’il n’y paraît. Des règles spécifiques sont à connaître, ce qui témoigne des exigences croissantes du régime.

Les inconvénients du régime de l’autoentrepreneur

  • évolution des règles en fonction des plafonds de chiffre d’affaires : il convient de toujours surveiller son chiffre d’affaires et d’anticiper les passages de seuil ainsi que les nouvelles obligations qui en découlent ;

  • protection sociale : les indemnités journalières versées en cas d’accident ou de maladie sont proportionnelles à 50% des revenus réels de l’autoentrepreneur, à l’instar des IJ des salariés. Cependant, la règle diffère dans le cas des congés maternité et paternité : si les cotisations versées sont trop faibles, l’allocation est réduite à 10% du montant légal, ce qui peut s’avérer insuffisant ;

  • se lancer trop tôt : créer son entreprise trop en amont de la première facturation peut avoir une forte incidence sur les droits en termes de protection sociale et priver l’entrepreneur de protection ;

  • pas de possibilité de déduire ses charges : en cas de charges de fonctionnement trop importantes, ou de sous-traitance, le régime peut ne pas s’avérer rentable ;

  • préjugés sur le régime : les autoentrepreneurs font souvent face à de nombreux préjugés, n’étant pas considérés par beaucoup comme de véritables entrepreneurs. Les entreprises préfèrent faire appel à des autoentrepreneurs plutôt qu’à des salariés et proposent des taux horaires trop bas, qui souvent n’équivalent pas un SMIC. Il paraît incongru que le choix du prestataire soit basé sur la façon dont celui-ci paye ses charges sociales et fiscales ;

  • absence de prise de conscience : certains autoentrepreneurs, et tout particulièrement les jeunes, pensent à tort qu’ils ne deviennent pas chef d’entreprise, sous-estimant les risques et responsabilités liés à la création d’une entreprise individuelle.

Les piste pour améliorer le régime de l’autoentrepreneur

  • formation des tiers : il serait opportun que les tiers avec qui les autoentrepreneurs interagissent (administrations : France Travail, branches maladie, famille et retraite) soient mieux formés sur le régime afin d’éviter des incompréhensions, des malentendus et des difficultés inutiles ;

  • clarté terminologique : le terme autoentrepreneur est désormais présent dans le lexique culturel. Il serait de bon sens d’employer le vocabulaire que tout le monde connaît et utilise (il existe en effet 3 types de micro-entreprises en France, de quoi y perdre son latin !) ;

  • uniformité des règles administratives : les modalités de calcul des revenus devraient être uniformes entre les administrations pour éviter les erreurs et les impacts négatifs sur les droits des autoentrepreneurs.

Pour conclure, le régime de l’autoentrepreneur offre une flexibilité unique mais sa complexité nécessite une vigilance constante. Il est important de poursuivre la clarification des règles et de solutionner les problèmes administratifs qui peuvent y être liés, notamment dans le calcul des droits en termes de protection sociale. En rendant les fondamentaux du régime plus clairs il continuera d’être un véritable levier pour l’entrepreneuriat en France. Une démarche qui conforterait la volonté du gouvernement de simplifier la vie de toutes les entreprises, même les plus petites, et permettrait de renforcer l’attrait de ce régime.

Frédérique David-Créquer
Autrice de Je suis autoentrepreneur (éditions Vuibert, 5ème édition)


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