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À moins d’un an du coup d’envoi de la Coupe du monde de football 2026, les premiers chiffres relatifs aux prix des billets suscitent l’inquiétude. Selon les données publiées par la plateforme de billetterie SeatPick, le coût d’accès à la compétition pourrait atteindre des niveaux sans précédent. La finale se distingue en particulier, avec un billet culminant à 171 700 euros – soit 6,5 fois le prix le plus élevé constaté pour le Super Bowl.
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Ces chiffres traduisent une évolution marquée du modèle économique des grands événements sportifs, portée notamment par l’introduction de la tarification dynamique. Une logique qui, selon les observateurs du secteur, pourrait profondément transformer le rapport entre le football et ses supporters.
Un écart de prix inédit avec les autres compétitions
Les données comparatives fournies par SeatPick permettent de situer l’ampleur de cette inflation. Le billet d’entrée pour la finale de la Coupe du monde débute à 5 055 euros, contre 4 435 euros pour le Super Bowl et 3 194 euros pour la finale de la Ligue des champions. En valeur moyenne, un ticket pour cette finale s’élève à 11 108 euros, un montant supérieur de près de 50 % à celui du Super Bowl (7 443 euros).
La différence devient encore plus marquée au sommet de l’échelle : alors que le billet le plus cher pour la finale de la Ligue des champions plafonne à 30 180 euros, celui de la Coupe du monde atteint presque six fois ce niveau. Aucun autre événement sportif majeur ne s’approche de tels montants, y compris les grandes compétitions de cricket ou de football africain.
La tarification dynamique, moteur de la flambée
Pour Gilad Zilberman, PDG de SeatPick, cette hausse spectaculaire ne s’explique pas uniquement par l’engouement planétaire que suscite la Coupe du monde. Elle reflète aussi une transformation plus structurelle des mécanismes de vente : « Pour la première fois, les organisateurs appliquent une tarification dynamique : les prix s’ajustent en temps réel en fonction de la demande. La valeur nominale n’est donc plus fixe, ce qui entraîne une augmentation significative des tarifs. »
La co-organisation de l’événement par les États-Unis, le Canada et le Mexique joue également un rôle, à travers des coûts logistiques élevés et des infrastructures haut de gamme. Par ailleurs, les marchés de la revente sont largement ouverts, avec des prix souvent bien supérieurs aux tarifs initiaux. Ces mécanismes créent une pression supplémentaire sur les acheteurs, et un contexte propice à la spéculation.
Des supporters relégués au second plan
Au-delà des chiffres, c’est bien l’accès des supporters qui est en jeu. Le prix moyen d’un billet pour la finale – près de 11 000 euros – le rend inaccessible pour une majorité de passionnés, même parmi les plus aisés. Certains matchs de groupe, comme l’ouverture entre le Mexique et une équipe encore non désignée, atteignent déjà près de 5 000 euros en moyenne.
La question de l’équité d’accès se pose avec d’autant plus d’acuité que les billets sont vendus bien avant que les affiches ne soient connues. Beaucoup de supporters risquent donc d’acheter à prix d’or des places pour des rencontres sans enjeu sportif ou sans lien avec leur équipe nationale.
Zilberman s’inquiète d’un glissement de sens : « Lorsque ces difficultés s’accumulent, le risque est réel que le tournoi devienne davantage une vitrine commerciale qu’un événement pensé pour les supporters. » Il alerte sur un modèle économique où l’exclusion devient structurelle, réduisant l’événement à une logique marchande, au détriment de l’expérience populaire.


