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La confirmation en appel de la peine infligée au journaliste français Christophe Gleizes a ravivé un climat de tension déjà brûlant entre Paris et Alger. Au-delà des enjeux judiciaires, cette affaire révèle un jeu d’équilibres diplomatiques d’une extrême fragilité. Et au centre des attentes, un silence continue d’intriguer : celui de Zinedine Zidane
Un verdict algérien lourd aux répercussions diplomatiques
La peine de sept ans infligée à Christophe Gleizes, prononcée en appel à Tizi-Ouzou après des réquisitions pouvant atteindre dix ans, inscrit durablement le dossier dans une zone de haute tension. Les autorités algériennes ont maintenu l’accusation d’apologie du terrorisme, fondée sur l’article 87 bis, dont l’ampleur juridique est régulièrement dénoncée. Sa détention a duré environ un an et demi, alors que la défense rappelle qu’il ne faisait qu’exercer son métier. Ce verdict, jugé préoccupant par de nombreuses ONG, survient au moment où Paris et Alger tentaient prudemment de réamorcer un dialogue politique plus stable.
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Un travail journalistique requalifié en “apologie du terrorisme”
Les accusations reposent sur des contacts reprochés avec des membres du MAK, classé organisation terroriste par Alger. La défense insiste : ces échanges relevaient strictement d’entretiens journalistiques, menés dans le cadre d’un reportage sensible mêlant football et politique. Christophe Gleizes a reconnu une irrégularité administrative : être entré sur le territoire avec un visa touristique au lieu d’un visa journalistique. Dans le climat explosif entourant la Kabylie et le MAK, plusieurs ONG dénoncent un procès politique facilité par un article 87 bis aux contours jugés flous. L’affaire met en lumière la vulnérabilité croissante des journalistes étrangers lorsqu’ils couvrent des zones où l’équilibre entre sécurité et liberté d’informer est contesté.
Zidane silencieux
La décision de justice a immédiatement suscité des réactions. Reporters sans frontières a dénoncé une décision « aberrante » et appelé à la libération du journaliste. Le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères a exprimé son « regret » tout en adoptant une communication prudente pour ne pas crisper davantage Alger. La famille de Christophe Gleizes multiplie tribunes, interventions médiatiques et démarches auprès des ONG et des responsables politiques.
Elle sollicite aussi le monde du sport, espérant que la parole de Zinedine Zidane puisse contribuer à briser l’immobilisme. Pour l’heure, aucune position publique de l’ancien international n’a émergé, un mutisme qui interroge d’autant plus que Gleizes effectuait un reportage sur la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK) et la mémoire d’Albert Ebossé.
Pourquoi Zidane se tait : identité kabyle et neutralité politique
Le silence de Zidane ne relève pas de la simple indifférence. Le MAK étant classé « organisation terroriste » par Alger, toute prise de position serait susceptible d’être interprétée comme un soutien indirect aux thèses séparatistes. Ses origines kabyles, connues mais rarement mises en avant, renforcent cette sensibilité : le moindre mot pourrait être lu comme un geste communautaire.
Zidane a construit une doctrine de discrétion absolue sur les affaires politiques liées à l’Algérie. Il ne s’est pas exprimé sur le mouvement du Hirak, ni sur la situation des journalistes dans le pays. Intervenir aujourd’hui reviendrait à rompre cette ligne et à s’exposer à une interprétation diplomatique hostile dans un contexte particulièrement inflammable.
Mobilisations de terrain, institutions muettes
Sur les terrains et dans les médias, la mobilisation existe, mais elle est loin d’être homogène. La rédaction du magazine So Foot, dont Gleizes est une plume historique, maintient le dossier en avant-plan. Daniel Riolo sur RMC et les équipes de L’Équipe relaient régulièrement l’affaire. Des figures engagées du football, comme Claude Le Roy, Vikash Dhorasoo ou certaines personnalités du Red Star, expriment leur soutien.
Dans les stades, des groupes d’Ultras déploient des banderoles pour interpeller les autorités. En parallèle, les grandes institutions — FFF, LFP, ainsi que les joueurs majeurs de l’Équipe de France — restent silencieuses, soucieuses de ménager des équilibres politiques et économiques avec le Maghreb. Dans cette configuration, l’absence de prise de parole de Zidane résonne plus fort encore : il est l’un des rares capables de relier la colère des tribunes aux prudences des palais.


