Comment Stellantis a failli tuer Symbio

Symbio affronte une crise majeure après le retrait de Stellantis, un choc qui bouleverse la filière hydrogène et impose une restructuration profonde.

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Symbio a chuté cette année après le retrait soudain de Stellantis, son principal client et actionnaire, précipitant une crise industrielle et sociale d’une ampleur rare. L’entreprise n’a survécu qu’au prix d’un plan de refinancement massif et d’un redimensionnement brutal.
La décision du constructeur, annoncée en plein été, a ébranlé la filière hydrogène française et laissé une usine flambant neuve presque à l’arrêt. Les alertes du CSE, la mobilisation des salariés et les tensions entre actionnaires ont alimenté la crainte d’une liquidation. L’accord dévoilé début décembre n’a permis que d’éviter l’effondrement immédiat, au prix d’une réduction sévère des ambitions industrielles.

Un retrait industriel aux effets systémiques

La fin du programme hydrogène de Stellantis prive Symbio de 80 % de ses volumes et entraîne l’abandon des utilitaires H2 d’Hordain et Gliwice. La décision, jugée « brutale et non concertée » par Michelin et Forvia, amplifie le choc industriel. Les représentants du personnel alertent sur un risque de liquidation et sur l’onde de choc pour la filière. Cette rupture intervient alors que l’entreprise ciblait un appel à projets de l’État, renforçant l’impression d’un désengagement soudain.

Inaugurée le 5 décembre 2023 après 600 millions d’euros d’aides publiques, l’usine SymphonHy se retrouve hors d’échelle face à un marché effondré. Le retrait de Stellantis vide le carnet de commandes et ramène les perspectives à 10 000 systèmes annuels pour 2028-2030, loin des 50 000 visés dès 2026. Les critiques sur l’usage des fonds publics se multiplient tandis que les actionnaires s’affrontent sur la prise en charge d’un outil devenu trop vaste pour les besoins réels.

Une crise sociale aiguë dans un site stratégique

La restructuration impose la suppression de 358 postes, soit près de deux tiers des effectifs selon des évaluations allant de 506 à 530 salariés, et ne laisse que 175 emplois à Saint-Fons. La mobilisation des équipes reflète la profondeur des inquiétudes et les craintes de perte de souveraineté technologique. Les analyses internes dénoncent une usine impossible à rentabiliser dans ce contexte, tandis que les alertes du CSE sur un risque de liquidation entretiennent un climat de vulnérabilité.

L’accord de refinancement conclu fin novembre et rendu public début décembre écarte de justesse la liquidation et scelle la sortie financière de Stellantis. La stratégie resserrée entend désormais miser sur les bus et les usages stationnaires, appuyée par le développement de piles de 75 kW et 150 kW pour les poids lourds. Malgré l’objectif stabilisé autour de 10 000 systèmes par an pour 2028-2030, les tensions persistantes entre actionnaires rappellent l’ampleur des incertitudes qui continuent de peser sur l’avenir de la filière hydrogène.



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